La prestation télévisée Hollande-Aubry aura permis de montrer que, pour l’essentiel, le Parti socialiste partage les options de la politique étrangère de la droite.
Sur ces questions, les deux compétiteurs se sont limités à évoquer la mondialisation et l’endettement de la Grèce. Pas un mot des opérations militaires de l’armée française en Afghanistan, en Côte d’Ivoire, en Libye ! Pas un mot sur l’armement nucléaire !
Qui ne dit mot, consent !
Il suffit de se pencher sur le « Projet socialiste 2012 » pour en avoir la confirmation.
D’une manière générale, ce document justifie les interventions de l’armée française à l’étranger dès lors qu’elles se fondent sur « le respect des mandats de l’ONU, la protection des populations civiles et de nos ressortissants à l’étranger ».
On reconnait là les arguments classiques utilisés par les puissances occidentales chaque fois qu’elles s’apprêtent à lancer leurs armées à la conquête d’un pays. Une massive, et très souvent mensongère, campagne médiatique se chargeant préalablement d’accréditer l’existence d’un de ces prétextes. Les exemples abondent.
AFGHANISTAN
Le PS a approuvé l’envoi de troupes françaises en Afghanistan et les motivations avancées pour le justifier. Aujourd’hui – tout comme Obama et Sarkozy – il souhaite mettre fin à cette aventure qui tourne au désastre.
Avec le même objectif : « L’émergence de forces de sécurité afghanes crédibles, contrôlées par les autorités d’un État stable issues d’un processus démocratique incontestable associant tous les Afghans qui reconnaissent la Constitution et refusent de soutenir Al Qaïda et le terrorisme ».
Un objectif dont tout le monde avoue qu’il est hors d’atteinte.
PALESTINE
Le PS se prononce pour « la levée du blocus de Gaza » et pour la « fin dès maintenant de la colonisation dans les territoires palestiniens ». Mais, tout comme Obama et Sarkozy, il n’envisage aucune sanction pour contraindre Israël à enfin respecter la légalité internationale. Une situation qui dure depuis 53 ans.
Rien non plus pour condamner le mur de séparation à l’intérieur du territoire palestinien, rien pour exiger la libération des prisonniers politiques palestiniens.
« Les Palestiniens ont droit à un Etat souverain et viable » est-il écrit, sans même faire référence aux frontières de 1967 ni à Jérusalem comme capitale du nouvel Etat, ni, surtout, au droit au retour pour les centaines de milliers de Palestiniens expulsés de force de leurs maisons et de leurs terres.
IRAN
Quand il s’agit de l’Iran, le PS retrouve son mordant. « La stratégie poursuivie dans le dossier nucléaire conduit jusqu’ici à une impasse », juge-t-il. Il faut « empêcher le développement d’une force nucléaire militaire iranienne, porteuse de profondes déstabilisations ».
Pas un mot – évidemment – sur la force nucléaire israélienne déjà opérationnelle depuis des dizaines d’années. Sans doute ne la considère-t-il pas comme déstabilisatrice.
STRATEGIE ET ARMEMENT NUCLEAIRE
Le PS tacle « la politique menée depuis 2007 ». Il lui reproche son « alignement atlantiste » mais n’envisage pas, toutefois, un retrait de l’OTAN. Pour lui, l’alternative serait de constituer une « Europe de la défense » dont il attend une « impulsion » de la France et de l’Allemagne.
Par ailleurs, le PS ne remet pas « en cause la légitimité d’une dissuasion nationale indépendante tant que subsistent d’autres arsenaux nucléaires ».
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Cette convergence de fait entre le Parti socialiste et la droite s’est déjà vérifiée sous la présidence de Mitterrand qui a engagé la France dans la première invasion de l’Irak et lorsque Jospin, Premier ministre, a décidé avec Chirac le bombardement de la Serbie.
On la retrouve dans la politique néocoloniale de la France en Afrique – la Françafrique inaugurée par De Gaulle et continuée par Mitterrand.
Le fait que le PS soit le premier responsable de cette politique impérialiste ne doit pas faire oublier qu’il a toujours partagé les responsabilités gouvernementales avec d’autres partis de gauche. Que ces derniers se soient parfois démarqués du PS par des déclarations ne suffit pas à les disculper.
Quand il s’agit d’engager le pays dans des aventures impérialistes – une fois au pouvoir – gauche et droite c’est « bonnet blanc et blanc bonnet ». [1]
JPD
[1] Le consensus français, c’est aussi les 36 millions d’électeurs (sur 44 millions d’inscrits) qui se sont prononcés pour Sarkozy et Ségolène Royal en 2007, ratifiant ainsi ou ignorant leur projet politique commun en matière de politique internationale.