• L’opinion britannique très majoritairement contre l’ingérence en Syrie

    L’opinion britannique très majoritairement contre l’ingérence en Syrie.

    William Hague & David Cameron : pas vraiment représentatifs, dans leur atlantisme obsessionnel, de l'opinion britannique

    Nous nous sommes intéressés récemment à l’état de l’opinion française par rapport à la Syrie et une éventuelle intervention contre elle (voir notre article « Intervention armée en Syrie :

    la France coupée en deux », mis en ligne le 10 février).

    Et quid de l’opinion britannique, elle aussi soumise à un gouvernement atlantiste – le tandem Cameron/Hague ne le cédant en rien hystérie anti-syrienne au binôme Sarkozy/Juppé – et une grande presse guère moins conformiste que la nôtre ?

    A la rigueur une zone d’exclusion aérienne, et encore avec l’approbation de l’ONU

    Eh bien, nos voisins d’Outre-Manche sont apparemment nettement plus hostiles que les Français à une opération militaire contre la Syrie : 66% (contre 9%) refusent que des soldats britanniques participent à une opération, de l’OTAN ou de l’ONU, destinée à renverser le gouvernement de Damas.

    60% (contre 18%) refusent cet envoi de troupes britanniques même si c’est – en théorie – pour « protéger les civils » des attaques de l’armée syrienne.

    Et  ils sont même 55% à refuser l’idée d’armer les rebelles.

    C’est donc un assez massif refus de l’ingérence et de l’intervention, même maquillée en opération humanitaire.

    Le parti de l’interventionnisme – autrement dit le gouvernement (néo)conservateur de David Cameron – ne rallie que de 9 à 18% des Britanniques !

    Un échec cinglant pour les propagandistes bellicistes, qu’ils siègent au gouvernement ou dans certaines salles de rédaction, ou certains think-tanks atlantistes-sionistes.

    Et aussi un échec symbolique pour Rami Abdel Rahmane, dont l’Observatoire syrien des droits de l’homme, première cellule de désinformation sur la Syrie, est installé, comme on sait, à Londres, et bénéficie de la protection de William Hague, ministre britannique des Affaires étrangères.

    Ces résultats sont toutefois à tempérer par un autre enseignement de cette même enquête :

    60% (contre 18%) des Britanniques sont en faveur de l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie.

    C’est un peu contradictoire avec les réponses précédentes, mais c’est une façon a minima, pour les sondés, de s’impliquer dans une crise présentée largement, en Angleterre comme en France, comme une tragédie humanitaire causée par une répression aveugle.

    Mais, de toute façon, ce soutien doit être soumis à condition :

    48% des Britanniques estiment que cette zone d’exclusion aérienne ne peut être imposée qu’avec l’accord de l’ONU, 21% seulement pensant que l’OTAN et l’Union européenne pourraient passer outre cette autorisation.

    Et 27% (contre 40%) pensent que la dite zone ne devra être instaurée que si, à l’avenir, le président Bachar continuait et aggravait ses attaques aériennes contre la population.

    En résumé, les Anglais ne sont vraiment pas pressés de s’impliquer significativement dans les affaires intérieures syriennes.

    Sans doute les expériences peu convaincantes de l’Irak et l’Afghanistan sont passées par là : 179 soldats britanniques sont tombés en Irak, et 398 en Afghanistan, pour rien, semble-t-il.

    David Cameron et son fidèle William Hague ne sont pas vraiment en phase avec leur peuple.

    Et c’est mal parti pour qu’ils prennent le risque de fragiliser leur gouvernement, pour les beaux yeux de Burhan Ghalioun !

    La leçon de professionnalisme et d’objectivité d’un reporter britanniques à Homs

    Une une du Daily Telegraph, annonçant une mauvaise nouvelle...

    Nous faisions allusion à la presse britannique. Plus que leurs collègues français – ce n’est pas difficile – les journalistes britanniques s’efforcent d’aller au-delà des clichés et du prêt à penser.

    Ainsi Richard Spencer du Daily Telegraph qui, en reportage à Homs voici quelques jours, a pu observer dans une fosse commune quatre corps aux pieds et poings liés, et… déculottés.

    Réduits pour la plupart à l’état de squelettes, certains en partie  calcinés, ces corps, lui ont assuré ses guides partisans de l’opposition, seraient « probablement » ceux de déserteurs exécutés par les loyalistes.

    Mais Spencer souligne que ses guides n’étaient pas certains de leurs affirmations.

    Et il relève que, pour commencer, les corps ne portaient pas d’effets militaires.

    Mais alors, observe le reporter, s’il s’agissait de civils tués par les fidèles de Bachar, pourquoi n’ont-ils pas été, dans ce secteur dominé par l’opposition, enterrés comme des « martyrs » dans un cimetière voisin, depuis le temps qu’ils reposent dans cette fosse ?

    On le voit, Richard Spencer se pose d’avantage de questions que le Ravanello moyen – ou la Sofia Amara moyenne – de  notre télévision française !

    Et ce n’est pas tout :

    Spencer remarque que les gens de l’ASL qui l’accompagnent font preuve d’un mécontentement « inhabituel« , demandant à ce que les photos prises soient détruites, et intimant l’ordre aux accompagnateurs des britanniques de les ramener dare dare dans la localité voisine d’al-Qusayr, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Homs.

    Spencer conclut qu’il est impossible de savoir avec certitude de quel côté étaient les quatre victimes de la fosse.

    D’autant que, comme il l’écrit dans son article, il n’y a guère d’apparence de pitié du côté des rebelles.

    Spencer ajoute que ceux-ci ont lancé, dans la nuit du samedi 11 au dimanche 12 février, deux attaques contre un convoi et un poste de l’armée, qui auraient fait en tout 18 morts.

    Et il rapporte que des récits de tueries d’alaouites par des sunnites circulent. Richard Spencer n’est pas un thuriféraire du régime syrien dont il pense que la violence excède celle des opposants.

    Il donne même un exemple de celle-ci, ayant coûté la vie à deux frères d’une famille d’al-Qusayr.

    Mais il ne croit pas à la fable d’une violence unilatérale et gouvernementale.

    Ajoutons à ce témoignage celui de Charlotte McDonald-Gibson paru le 14 février sur le site du quotidien The Independent : la journaliste, au cours d’un reportage en Syrie a été amenée à visiter l’hôpital militaire de Damas-Tichrine.

    Les soldats blessés qui y sont soignés ont mis en cause devant elle les groupes armés et stigmatisé les pays qu’ils rendent responsables de la situation :

    Israël, l’Arabie Séoudite, les Etats-Unis, les djihadistes étrangers, la CIA et les services secrets britanniques.

    Charlotte McDonald-Gibson interroge notamment Ghassan, un colonel, blessé de plusieurs balles à l’est de Damas, qui accuse lui aussi la CIA et le MI5 de manipuler les djihadistes, dont il dit avoir tué plusieurs.

    Et la journaliste britannique, tout en faisant la part d’un endoctrinement, reconnait que les affirmations des pensionnaires de l’hôpital de Tichrine sont justifiées; qu’il y a bien, écrit-elle, une implication croissante d’al-Qaïda et de l’extrémisme sunnite dans le conflit syrien .

    Et elle ajoute que les forces armées ont déjà payé un prix élevé pour l’accomplissement de leur mission.

    Tout ceci se lit dans de grands quotidiens britanniques, un pays dont le gouvernement est très hostile au régime syrien. Mais où le journalisme n’est pas aussi formaté et dénaturé qu’en France.

    La presse britannique n'est pas seule à parler de l'ingérence terroriste en Syrie :

    ici un article paru dans le quotidien ABC, équivalent espagnol - en un peu moins américanisé - du Figaro;, à propos des volontaires islamistes libyens venus renforcer les insurgés.

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