• Le Congo éclipse la Francophonie

    Le Congo éclipse la Francophonie

    Marie-France Cros

    Mis en ligne le 12/10/2012

    Le XIVe sommet de la Francophonie s’ouvre ce vendredi à Kinshasa. Le manque de démocratie au Congo éclipse les thèmes annoncés de la réunion.

    C’est dans une atmosphère tendue que s’ouvre, ce vendredi, le XIVe sommet de la Francophonie à Kinshasa.

    Nombreux sont ceux qui ont exprimé leur opposition (y compris en justice, à Paris, en vain) à sa tenue dans un pays dont on ignore si les dirigeants sont élus ou non, après que les élections présidentielle et législative du 28 novembre 2011 aient été jugées "non crédibles" par les observateurs.

    Et de rappeler que le sommet, qui aurait dû avoir lieu dans la même ville en 1991, avait été délocalisé à Paris pour cause de mobutisme, alors que le dictateur zaïrois avait pourtant, l’année précédente, autorisé le multipartisme.

    C’est finalement le président François Hollande qui a décidé du sort du sommet de Kinshasa en annonçant, en août, qu’il y participerait (son absence aurait, ipso facto, entraîné celle de plusieurs chefs d’État africains), tandis que sa ministre déléguée à la Francophonie, Yamina Benguigui, expliquait cette décision par le fait que le Congo était "sur la voie de la démocratisation".

    La réalisatrice ajoutait que le chef d’État socialiste rencontrerait l’opposition congolaise et parlerait "de tout" à Kinshasa - durant le discours de... sept minutes qu’il doit prononcer le samedi 13 octobre. M. Hollande a-t-il jugé que sept minutes pour parler "de tout", c’était trop court, s’agissant du Congo, et a-t-il décidé de commencer plus tôt que prévu?

    Mardi dernier, soudainement, lors d’une conférence de presse commune avec le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, le président français a estimé que la situation au Congo était "tout à fait inacceptable sur le plan des droits, de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition".

    • Le même jour, alors que Mme Benguigui s’envolait pour Kinshasa à bord d’un Falcon (et non d’un avion de ligne, ce qui a provoqué une polémique à Paris), le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, répliquait que la déclaration de M. Hollande était "une évaluation qui ne correspond à aucune réalité".
    • Et d’ajouter que c’était "au peuple congolais d’accepter ou ne pas accepter une situation au Congo" et que ce peuple s’était "prononcé en novembre 2011". Sans compter, ajoutait le ministre congolais, "qu’il n’y a pas un pays en Afrique qui donne d’aussi larges possibilités d’expression et d’organisation à l’opposition" que le Congo.  

    La vérification de cette dernière phrase pourrait être assez rapide puisque le principal parti d’opposition, l’UDPS d’Etienne Tshisekedi, a convoqué des manifestations "pour la vérité des urnes" ce vendredi, devant le Palais du Peuple, qui accueille le sommet. Les autorités congolaises ont décrété fériés ces trois jours, afin d’éviter que les Kinois sortent des quartiers populaires.

    Et jeudi a été libéré, "très affaibli" Eugène Diomi, principal allié de Tshisekedi, détenu secrètement depuis juin. De précédentes protestations contre la fraude électorale massive avaient été réprimées par les forces de l’ordre, faisant 33 morts.

    En outre, samedi après-midi, Etienne Tshisekedi, qui se considère comme le vrai vainqueur de la présidentielle de novembre dernier - ce qui est tout aussi impossible à prouver qu’à démentir en raison du manque de fiabilité des chiffres officiels -, a rendez-vous avec François Hollande à l’ambassade de France.

    Et il a convié "le peuple" à l’"accompagner" jusque-là, soit au bout du boulevard du 30 juin - principale artère du centre-ville - quand on vient de Limete, siège de l’UDPS et commune où vit Tshisekedi.

    Or, côté français, indique l’AFP, on affirme que l’UDPS a été invitée à annuler sa manifestation et on ne veut surtout pas que cette rencontre donne lieu à la moindre violence.

    • De source UDPS, il y a déjà eu "des ra fles de membres du parti" la semaine dernière, "notamment dans la commune de Barumbu", ainsi que, le 6 octobre, l’arrestation du vice-président de la Ligue des jeunes du parti et deux membres de la Ligue de s femmes de l’UDPS.

    Et mardi dernier, "La Tempête des Tropiques", un journal kinois, rapportait que, la veille, "trois suspects armés" avaient été "interceptés près de chez Tshisekedi" par des "vigiles" de ce dernier.

    Les trois hommes, en civil, portaient, dit le journal, des "car tes de la Demiap" (service de Détection militaire des activités anti-patrie) et circulaient "dans un 4x4 immatriculé comme les véhicules de la Présidence", soit avec les lettres "PR".

    Enfin, depuis le début de la semaine, la garde présidentielle - des militaires mais qui ne sont pas soumis à l’état-major de l’armée - est déployée à Kinshasa.

    Or elle n’est pas formée au maintien de l’ordre, contrairement à la police qu’entraîne l’Union européenne.

    LA VOIX DU KASAI


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