Dans son discours, il a évoqué bien sûr les réalisations de l’empereur pour la Russie, en particulier ses efforts en faveur de l’union des peuples russes, la création de nouvelles universités, la promotion de l’exploration scientifique, le relèvement de l’église face aux mouvements évangélistes protestants, et surtout l’affirmation de l’indépendance du pays.
Mais il a aussi souligné le rôle de l’empereur dans la pacification de l’Europe ainsi que la construction d’un équilibre international basé sur les valeurs morales et le respect mutuel des intérêts de chaque pays (actualité criante).
En effet, en battant les armées de Bonaparte en 1814, il a arrêté la révolution française, qui voulait soumettre la Russie et le monde. Ce vainqueur incontesté de la France a cependant insisté pour lui conserver sa souveraineté (au lieu d’une occupation par l’Autriche, la Prusse et l’Angleterre) et son intégrité (la Prusse voulait annexer l’Alsace et les Flandres, l’Autriche voulait Nice et la Savoie). En refusant l’imposition d’indemnités de guerre (qui auraient pourtant aidé à rebâtir Moscou brûlée), il a ainsi épargné la dignité des Français.
Pendant ses deux mois à Paris (après sa première victoire), dont ses officiers cosaques sont tombés amoureux, ce francophile, et francophone, a séduit les foules et conquis les élites. Il n’a quitté Paris qu’après la restauration des Lois fondamentales de la France et l’assomption de Louis XVIII.
Ensuite, Alexandre 1er, considéré comme un libéral mais cependant pragmatique, a fondé la Sainte Alliance, pour maintenir la paix tout en interdisant l’infiltration de mouvements subversifs chez les voisins.
Le Royaume-Uni, instigateur de la première révolution de couleur, la bleue de 1789 (en représailles à la libération par la France des colonies de Nouvelle-Angleterre), n’entrera dans la Sainte Alliance que plus tard, pour la dénaturer perfidement de l’intérieur.
Sur cette statue d’Alexandre 1er, qui commémore manifestement les victoires de 1814 et 1815, le tsar foule nonchalamment un aigle napoléonien et un sabre français (républicain, puisqu’auparavant les officiers portaient l’épée).
Alors qu’exactement deux siècles plus tard la France vient de déclarer la guerre à la Russie et se prépare à l’attaquer, cette commémoration est un magnifique symbole.
Tandis que la république russe actuelle honore ce bienfaiteur de la Russie (et coordinateur de la lutte contre la globalisation de la révolution), non seulement on n’imagine pas un gouvernement républicain français ériger une statue à Louis XIII, mais, de plus, on vient de le voir ôter Henri IV et Louis XIV des programmes scolaires d’histoire, et donner à Marianne les traits d’une sataniste étrangère…