Quand la journaliste du Monde se mêle du sexe de Kadhafi… Thierry Meyssan donne son point de vue sur Voix de la Russie

Télécharger

Décidément quelque chose ne tourne pas rond dans la tête des dirigeants occidentaux. Jugez-en par vous-mêmes : le fils de Kadhafi accuse le grand Nicolas du financement de sa campagne présidentielle par le père Kadhafi, et le Président français décide de répondre à coups de bombes en passant outre les restrictions d’utilisation de force brute imposées par la résolution 1973 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Ensuite on retrouve Kadhafi dépecé, empalé et congelé dans un supermarché.

D’aucuns disent que sa prise et mise à mort furet effectué avec le support des commandos occidentaux dont les Français. Je suis, malheureusement, sûr qu’il passera des années lumière avant que les Arabes n’oublient cette exécution qui n’est pas sans rappeler le rituel révolutionnaire de la Vendée mise à feu par les sans-culottes. La montée aux extrêmes fascistes semble devenir la règle d’or pour la Communauté Européenne et l’Occident à proprement parler.

On le dit parce que non seulement l’Elysée et Washington se targuèrent de la terrible mise à mort d’un septuagénaire mais, qui plus est, les mêmes politiques ne sont guère gênés par leurs amis croates qui prélevèrent des organes aux Serbes vivants et non anesthésiés !!! Ces faits ont été dénoncés même par les députés européens comme Dick Marty. Mais personne ne s’en inquiète.

Les mêmes Américains enlèvent les hommes en Europe pour les soumettre à la torture dans les prisons secrètes en Pologne mais le monde occidental continue à appeler l’Amérique la mère des libertés. Et voilà que maintenant pour se justifier et laver le sang d’un chef de nation qui vivait dans son pays en professant sa religion, l’islam, et ne cherchant noise à aucun pays étranger, la journaliste du Monde Annick Cojean a monté la pièce maîtresse de la propagande impérialiste en accusant Kadhafi des sévices et autres violences sexuelles pratiquées sur le corps d’une fillette de 15 ans et… de ses ministres mâles. L’absurde semble être de mise en France.

Le livre de ladite journaliste reproduit copieusement les détails des orgies de Kadhafi qui ferait rêver certains politiques de la gauche et autres personnages dévergondés de la Cinquième République. Sans nous fier à notre propre opinion, nous avons décidé de faire appel à Thierry Meyssan, premier journaliste indépendant de France, créateur et chef du réseau Voltaire à Genève, grand professionnel du journalisme d’investigation qui a mis à jour les meurtres de nos confrères perpétrés par les hommes de main du renseignement occidental en Syrie. Voici ce qu’il nous a raconté :

La Voix de la Russie.

Vous êtes l’un des meilleurs journalistes francophone pour la zone Afrique. Vous avez enquêté beaucoup sur la Syrie. Vous avez travaillé en Lybie. Vous connaissez bien le sujet. A l’heure qu’il est, on parle beaucoup de dictateurs ou du soi disant dictateur Moammar Kadhafi, ancien chef de la Jamahiriya, qui a été traité dans un livre portant sur ce personnage.

Le portrait a été présenté par notre confrère du Monde Annick Cojean qui a intitulé son ouvrage Les proies dans le harem de Kadhafi . Le livre est paru aux éditions Grasset. La journaliste nous raconte le calvaire d’une jeune fille séquestrée par le « dictateur » libyen et transformée en esclave sexuelle. Malgré la crudité des faits, on se demande peut-on croire compatible notre code déontologique des journalistes avec les écrits d’Annick Cojean ?

A-t-on besoin de ces ouvrages à sensation décrivant la vie privée de ce feu leader africain ? Peut-on dire que cela apporte quelque chose de constructif, de positif, d’intéressant ? Ou bien les livres de cet acabit desservent la cause africaine montrant les Libyens un peu comme des animaux sauvages dotés d’instincts primaires parce que finalement on ne croit pas, nous autres, que les habitudes sexuelles soient propres à un pays donné. En tout cas on aurait aimé vous demander votre point de vue parce que vous connaissez bien les mœurs et coutumes locales…

Thierry Meyssan.

Fondamentalement je pense que ce livre a une fonction principale. Le journal Le Monde a soutenu une action militaire internationale qui était totalement illégale. Le Conseil de Sécurité avait autorisé une intervention pour soutenir les populations civiles. Mais l’OTAN a mené une opération qui était extrêmement coûteuse en vies humaines. On ne sait pas exactement l’ampleur du bilan et la manière dont les responsabilités sont partagées. Mais la guerre de Libye a fait environ 160 mille victimes. Et la seule intervention de l’OTAN pour prendre la ville de Tripoli a fait au moins 40 mille morts.

Donc le journal Le Monde qui a participé à une vaste campagne de désinformation pour le compte de l’OTAN se trouve dans l’obligation de justifier après-coup sa propre position. Et à défaut d’analyse politique sur ce qu’on pourrait reprocher à la Jamahiriya, à la manière dont le colonel Kadhafi a conduit son pays, on en est réduit à mettre en scène sa vie privée et à imaginer sur la base d’un témoignage unique que cet homme pouvait être un prédateur sexuel.

Donc sur le plan déontologique, ça montre d’abord la collusion de ce journal avec un crime international. Deuxièmement, son incapacité à argumenter sur le plan politique. Et troisièmement le fait que ces journalistes s’abaissent à ce niveau de caniveau pour pouvoir insulter un homme qui n’a aucun moyen de se défendre maintenant qu’il est mort.

La Voix de la Russie.

Merci infiniment de votre prise de position, Monsieur Meyssan ! La deuxième question très rapidement pour ne pas abuser de votre temps : peut-on dire que Moammar Kadhafi n’a pas été qu’un dictateur sauvage comme le présentent souvent les masses média occidentaux y compris les Américains ? Ou bien il a contribué tout de même à la lutte pour l’indépendance de l’Afrique parce que, à notre connaissance, il a œuvré un peu dans ce sens ?

Thierry Meyssan.

Moi, je sais d’abord que Moammar Kadhafi a permis à son pays de sortir de l’orbite coloniale, de se développer… Que la Libye avait le plus haut niveau de vie de son continent. Alors que lorsqu’il avait pris pouvoir dans ce pays il était parmi les plus pauvres. J’observe que Moammar Kadhafi a aidé un grand nombre d’Etats africains à se développer.

J’observe aussi que le modèle politique qu’il avait choisi pour son pays qui était un modèle politique dérivé du socialisme utopique et de certains penseurs anarchistes ; Ce modèle s’est en fait avéré inopérant face aux manœuvres impérialistes.

Il n’était pas en mesure de se défendre. J’admets tout à fait que Moammar Kadhafi a joué un rôle autoritaire dans son pays et qu’il a eu recours à des assassinats politiques mais du point de vue pratique, considérer qu’aujourd’hui c’est un personnage infâme.. ? Je dirais que tout est relatif et que beaucoup de personnages occidentaux ont pratiqué les assassinats politiques mais à une plus grande échelle.

Par exemple, le Président Obama revendique de participer tous les matins à une réunion de travail où il désigne les cibles des assassinats politiques qui se font dans le monde ceci ayant été largement développé par la presse aux Etats-Unis il y a trois mois. Donc si on doit appliquer ce type de critère je pense que Monsieur Obama est certainement beaucoup plus un infâme dictateur puisqu’il pratique des assassinats politiques et qu’il a toujours le centre de torture de Guantanamo qui est ouvert. Mais il y a une expression historique bien connue : c’est « Malheur aux vaincus ! »

La Voix de la Russie.

Merci bien ! Donc Vae victis ! c'est-à-dire « Malheur aux vaincus ! » comme vous dites en latin. Et merci infiniment de ces commentaires, Monsieur Meyssan, et merci d’avoir été avec nous sur les fréquences de La Voix de la Russie.

Vous voyez qu’à chaque fois qu’il s’agit de répondre des actes commis, des crimes de guerre monstrueux que la Russie ne s’est jamais permise où que ce soit, on vous raconte les histoires sur des filles opprimées qui copulent en musées telles les Pussy Riot se faisant filmer en vidéo en pleine masturbation avec un poulet congelé dans un supermarché moscovite et traitées comme défenseurs des droits de l’Homme par la canaille des pays occidentaux…

Et voici venir Annick Cojean à laquelle nous avons envie de répondre : Oui, les pays musulmans ont leur propre vision du rôle de la femme. Et selon cette vision traditionnelle une femme qui a des règles est considérée comme adulte parce qu’elle peut procréer. Cela peut déplaire mais c’est comme ça. Oui, les politiques orientaux et occidentaux s’adonnent facilement à la débauche mais cela n’a rien à voir avec leur rôle historique.

Surtout quand on se trouve dans l’impossibilité de vérifier les faits. Non, nous ne croyons pas qu’une journaliste d’un pays qui ait vu beaucoup de scandales sexuels y compris celui de DSK puisse faire la morale à un pays indépendant piétiné par les milices à la solde de l’Union Européenne et des Américains. La propagande du journal Le Monde sent vraiment mauvais et frôle la calomnie concernant un homme, un musulman, qui ne cherchait que le bonheur et l’indépendance de son pays.

Quelle honte pour la France !