• Retour Grèce Défaut de paiement : la Russie au secours de la Grèce ?

    Retour Grèce Défaut de paiement : la Russie au secours de la Grèce ?

    • Défaut de paiement : la Russie au secours de la Grèce 

    La Russie pourrait venir en aide à la Grèce pour lui éviter un défaut de paiement et une hypothétique sortie de l'euro. Le deal reposerait sur la construction d'un gazoduc.

    La Grèce a réussi à reporter le remboursement de 300 millions d’euros initialement dû le 5 juin en invoquant la possibilité de régler les quatre échéances en une seule fin juin 2015 . Cette possibilité, autorisée par le règlement du FMI, permet de faire gagner du temps à la Grèce, mais les caisses sont vides.

    Même si certaines réformes ont déjà été initiées par la Grèce comme la remontée de 2,5 milliards d’euros des collectivités locales et organismes du secteur public, ces dernières ont soulevé le mécontentement des maires et elles sont largement insuffisantes pour faire face aux échéances du 30 juin. La lutte contre la fraude fiscale n’a pas encore porté suffisamment ses fruits et le gouvernement d’ Aléxis Tsípras refuse toujours de relever l’âge moyen de départ à la retraite et d’instaurer une hausse de la TVA.

    Lire aussi :  Les tensions entre l’Union européenne et la Grèce au cœur du G7

    Sans un accord sur des réformes profondes en Grèce, il n’y aura pas de déblocage des 7,2 milliards d’euros de prêts internationaux. Les Grecs s’inquiètent et demandent au Premier ministre d’accepter les propositions des créanciers internationaux. Les échanges houleux de ce week-end laissent pourtant craindre qu’aucun changement radical de la part du gouvernement grec ne soit encore à l’ordre du jour.

    Vers un accord gréco-russe ?

    Comment Athènes va-t-elle pouvoir trouver les 1,6 milliard d’euros dus à la fin du mois ? La Grèce ne pourra pas faire face seule à ses échéances de fin juin 2015. Elle s’achemine vers undéfaut de paiement et vers une sortie de l’Euro à moins qu’elle ne sollicite l’aide de la Russie.

    En février 2015, Vladimir Fédorovski, écrivain russe et diplomate indiquait déjà « au Figaro » : « il y aura certainement une coopération plus poussée entre la Grèce et la Russie, qui va surtout peser d’un point de vue diplomatique.

    La Russie va, en effet représenter une alternative de développement, à la fois économique, politique et même civilisationnelle pour la Grèce ».

    Or les rencontres d’ Aléxis Tsípras avec Vladimir Poutine, le 8 avril puis avec le PDG de Gazprom (le 21 avril) pourraient être les préludes d’un accord.

    Pour éviter l’Ukraine, la Russie envisage la construction d’un gazoduc transitant par la Turquie (Turkish Stream) et qui pourrait se prolonger par la Grèce. Après la rencontre entre Alexeï Miller, patron du géant russe Gazprom et le ministre grec de l’Énergie, Panayótis Lafazánis, ce dernier déclarait : les « discussions se trouvent à un stade satisfaisant et j’espère qu’elles se concluront de manière positive, sur un bénéfice important pour notre pays et pour l’économie grecque ». Rien n’a encore été signé toutefois, mais si le projet de construction du Turkish Streams se concrétisait, la Grèce pourrait peut-être bénéficier d’une avance sur recettes qui lui permettrait de faire face à une partie de ses échéances.

    La Grèce pourrait donc servir de base pour les livraisons de gaz vers l’Europe, à condition toutefois que l’UE soutienne le projet Turkish Stream. Hasard du calendrier, cette possibilité intervient au moment où les États-Unis annonçaient le 26 avril qu’ils inonderaient rapidement les marchés mondiaux de gaz naturel liquéfié (GNL) et deviendraient sans doute un des principaux fournisseurs menaçant davantage la domination russe sur le marché du gaz en Europe.

    La Grèce semble espérer 5 milliards d’euros de paiements d’avance par la Russie si elle devenait le hub gazier central pour un gazoduc transitant entre la Russie et l’Europe. Ce projet est vivement critiqué par les États-Unis et d’autres pays européens. Jeudi 4 juin, Amos Hochstein, l’envoyé spécial et coordonnateur pour les affaires énergétiques internationales au sein du département d’État américain a exhorté la Grèce à abandonner ce plan de couloir gazier. Selon lui, la construction d’un tel gazoduc augmenterait la dépendance de l’Europe par rapport au gaz russe à un moment où l’Europe essaye au contraire de s’éloigner de la Russie depuis la crise en Ukraine.

    Des amis historiques

    Ces deux pays ont d’abord une religion commune : la religion orthodoxe. Ensuite, historiquement la gauche grecque se reconnaît dans un certain nombre de valeurs chères à l’ex-URSS. De plus, ces pays sont proches culturellement. D’ailleurs la Grèce, est une des destinations très prisées par les touristes russes. N’oublions pas non plus qu’aujourd’hui la Russie est un des principaux partenaires commerciaux de la Grèce notamment avec les importations de gaz. Enfin, les deux pays sont soumis à de fortes pressions de la part de l’Europe ce qui les rapproche encore davantage.

    Effectivement, Vladimir Poutine a besoin d’alliés au niveau international et depuis les sanctions imposées par l’Europe et les États-Unis suite aux actions en Ukraine, ceux-ci ne sont pas nombreux à soutenir la Russie. En Europe, seuls Chypre et la Grèce se sont opposés à un renforcement des sanctions envers la Russie. Les relations entre la Russie et le reste de l’Europe et les États-Unis se durcissent et dernièrement la liste des personnalités interdites de séjour sur le sol russe renforce encore les tensions.

    Va-t-on assister à un sauvetage de la Grèce par les Russes sur le modèle de Chypre ? En tous cas, la Grèce pourrait être un atout pour la Russie dans le contexte actuel, non seulement en ce qui concerne le transit du gaz comme évoqué ci-dessous, mais si la Grèce sortait de l’euro, rien n’empêcherait qu’elle fournisse également une aide technique et/ou militaire sur certaines de ces îles tout comme Chypre a indiqué qu’elle mettrait certaines de ses bases à dispositions de la Russie.

    Une sortie de l’Euro de la Grèce au-delà de l’impact financier qu’elle aurait pouvoir donc avoir des conséquences géopolitiques majeures. En tous cas, le 18 juin, Aléxis Tsíprasdoit rencontrer Vladimir Poutine à Saint-Pétersbourg, l’issue de cette rencontre pourrait donc être déterminante pour la Grèce.

    Par Isabelle Chaboud, professeur à Grenoble Ecole de Management 


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    « BOULE DE CRISTAL GRECQUE.. ALERTE - Grèce: Tsipras, Merkel, Hollande et Tusk proposent un projet de compromis (©AFP / 13 juillet 2015 04h46) »
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