SYRIE - Damas : l’opposition a réussi un coup médiatique, mais sans signification politique

C’est incontestablement une première à Damas :

- l’opposition a réussi à réunir samedi 18 février quelques milliers de manifestants dans le quartier de Mazzé, situé au centre-ouest de la capitale syrienne et qui abrite nombre d’ambassades et d’administrations.

Le Point a transformé ces obsèques de soldats syriens en funérailles d'opposants : il est vrai que vu de Paris, et sous la neige, toutes les foules syriennes - et toutes les victimes - sont anti-Bachar !

A l’origine, il s’agissait des obsèques de manifestants qui aurait été tués par les forces de l’ordre vendredi, alors qu’ils participaient à de précédentes obsèques d’opposant.

Manifestation en trompe-l’oeil

Rami Abdel Rahmane, patron de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, et pivot, depuis Londres, de la désinformation sur la Syrie, a qualifié ce rassemblement damascène anti-Bachar de « massif », chiffrant l’affluence entre « 15 000 et 20 000 personnes« .

On peut appliquer à cette « estimation », comme à toutes celles déjà fournies à cet égard par l’OSDH aux agences de presse occidentales, un coefficient diviseur de trois.

Les vidéos disponibles montrent du monde, sans qu’on puisse dire si les manifestants sont plus ou moins de 5 000.

Mais c’est vrai que c’est la plus grosse mobilisation de l’opposition observée depuis le début de la crise à Damas, une ville où les quelques rassemblements anti-régime n’avaient jusque-là drainé que quelques centaines de personnes, sans dépasser l’échelle du quartier.

Les opposants se sont évidemment mobilisés à l’échelle de la région pour faire nombre. De ce point de vue ils ont réussi un coup.

Mais un coup qui ne change rien au rapport de force : les pro-Bachar, à Damas, sont capables de réunir des dizaines de milliers, voire dans certains cas des centaines de milliers de personnes.

Dans une dépêche sur le sujet, l’AFP reconnait d’ailleurs que « la capitale était jusqu’à présent plus habituée massifs des partisans du régime« .

L’OSDH affirme qu’un opposant a été tué lors de ces obsèques-manifestation. Mais l’agence de désinformation syro-britannique, et toute l’opposition radicale avec elle, rêvait déjà tout haut de »manifestations montres » ce dimanche, sur le thème « le sang des martyrs vous appelle à la désobéissance civile« , répercuté par la page Facebook Syrian Revolution 2011.

Un rêve qui ne devrait pas pouvoir se concrétiser, tant à cause des dispositions du gouvernement que de la réalité socio-politique de Damas. Cette manifestation du 18 février ne fera pas le printemps, si nous osons nous exprimer ainsi.

On signalera au passage une nouvelle preuve du sérieux de la presse française, avec cet article du site du Point, en date du 19 février, qui traite de la manifestation en l’illustrant d’une photo… d’obsèques de militaires syriens ainsi légendée « Des funérailles se sont transformées samedi en manifestation anti-régime » !

Tout est en effet possible, à partir du moment où Le Point transforme lui-même les soldats tombés au combat contre les opposants armés en opposants !

La désinformation s’invite à Palmyre

La désinformation à la française se donne également libre cours à propos de Palmyre, ville du nord-est de la Syrie, réputée pour la richesse de ses vestiges romains et classée à ce titre au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Palmyre n’a guère fait parler d’elle depuis le début des troubles, bien qu’elle ait été évidemment durement touchée par l’effondrement de l’activité touristique.

Eh bien, par la grâce de quelque coups de téléphones d’opposants, Palmyre se retrouve « assiégée par l’armée depuis deux semaines« , et ses habitants vivraient « dans la crainte des soldats » qui « tirent sur tout ce qui bouge » et qui, pour faire bonne mesure, se sont employés à pilonner et incendier les oliveraies et palmeraies entourant la ville !

L’AFP, avec une crédulité journalistique qui n’est que l’expression de sa complicité politique avec les opposants, relaie ces mensonges grotesques, au nombre desquels il faut ajouter cette rumeur opposante devenue « info », sur la disparition de nombreux habitants présumés tués ou enlevés par les sbires de Bachar.

Et, encore une fois, tout cet « enfumage » journalistique s’opère avec le truchement de quelques téléphones portables, qui, à la faveur de la crise syrienne, auront été élevé à la dignité de « correspondants de presse ».

Ci-dessous le lien sur le bidonnage photographique du Point :

http://www.lepoint.fr/monde/syrie-la-revolte-gagne-damas-19-02-2012-1432896_24.php

http://www.infosyrie.fr/

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