• SYRIE - La Chine envoie un signe fort à la Syrie et à ses ennemis

    Vendredi 18 février, Bachar al-Assad recevait, après le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, l’envoyé de l’autre grand allié de la Syrie au Conseil de sécurité, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zhai Jun.

    Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères à Damas : ni plus ni moins qu'une visite et un message de soutien de Pékin à Damas

    Nous jugerons du climat politique de cette rencontre par les déclarations officielles qui l’ont suivie. Notamment celle du haut-responsable chinois : 

    « La Chine soutient le programme de réforme en Syrie et les mesures importantes qui ont été prises à cet égard (….) La Chine appelle à stopper les actes de violence à s’asseoir au table de dialogue pour parvenir à un plan politique global et aux mécanismes nécessaires à ce sujet » a ainsi déclaré Zhai Jun.

    Qui a ajouté ceci, qui vaut approbation du calendrier politique du gouvernement syrien :

    « Nous souhaitons que le référendum sur le projet de la constitution et les élections parlementaires se déroulent doucement, et que la Syrie regagne rapidement la stabilité qui verse dans les intérêts de tout le peuple syrien ».

    D’une manière générale, l’envoyé spécial de Pékin a réaffirmé que la position de son pays à l’égard de ce qui se déroule en Syrie était dictée par des sentiments d’objectivité et de justice, et aussi bien sûr par son attachement aux principes de la loi internationale, ainsi qu’à la stabilité de la Syrie.

    Et Zhai Jun de prôner, après et avec Sergueï Lavrov, un règlement politique de la crise en Syrie via le dialogue entre toutes les parties syriennes et loin de l’ingérence sous toutes ses formes.

    Au-delà des élégances de la langue de bois diplomatique, Pékin, après Moscou, signifie aux Occidentaux que son véto du 4 février n’était pas conjoncturel, et que Chinois et Russes sont sur la même longueur d’ondes sur le dossier syrien :

    -pas d’ingérence ni de subversion occidentale maquillées en aide à la population ou en appui à la démocratie. On peut dire à cet égard que le précédent libyen a décidément frappé autant Pékin que Moscou.

    De son côté, Bacharal-Assad n’a pu faire moins que de remercier la Chine de sa position. Et il a répété son analyse de la crise syrienne : « Ce qui se passe en Syrie vise à démembrer, à porter un coup à sa situation géopolitique et à son rôle historique dans la région ».

    La morale de tout ceci étant que la Chine, à l’instar de la Russie, semble faire de la souveraineté de la Syrie une « ligne rouge » qui ne doit pas être franchie par la coalition occidentale.

    *La visite à Damas de Zhai Jun, les déclarations officielles qu’il y a faites,  étaient autant de messages très clairs adressés à tous ceux qui, de Washington à Doha, en passant par Paris, Bruxelles, Londres ou Ankara, continuent de vouloir isoler et déstabiliser Damas.

    Des nations arabes disent non, plus ou moins ouvertement, à Doha, Ryad et Tunis

    Le Premier ministre mauritanien, émissaire de la Ligue arabe mais pas adversaire de la Syrie

    Le président syrien recevait le même jour une lettre de son homologue mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz sur le développement en cours sur la scène syrienne, transmise par le Premier ministre Moulay Ould Mohamed Laghdaf, lui aussi en visite à Damas. *

    L’occasion pour Bachar de présenter à l’émissaire mauritanien – et, au-delà, à nombre d’Arabes – ses explications sur la nature et l’origine des troubles, et le programme de réformes en cours, au premier rang desquelles, la tenue très prochaine d’un référendum sur la nouvelle constitution.

     

    L’émissaire mauritanien avait, semble-t-il, pour mission officielle de « réanimer » l’initiative de paix de la Ligue arabe, au minimum de convaincre Bachar de reprendre langue avec la Ligue. Mission difficile dans la mesure où celle-ci a proclamé, le 12 février, son intention de fournir une aide politique et « matérielle » à l’opposition.

    Là encore, ce sont les termes des déclarations publiques de M. Laghdaf qui permettent de savoir où en est la Mauritanie après la désastreuse visite de l’émir du Qatar à Nouakchott, au début de l’année (voir notre article « La Mauritanie montre la sortie au Qatar », mis en ligne le 9 janvier).

    Eh bien, le ministre mauritanien des Affaires étrangères a souligné la « gravité« des menées antisyriennes, et rappelé que « la stabilité de la Syrie est fondamentale pour la paix dans les pays arabes et la région, et aussi pour leur stabilité, et que l’objectif (de l’actuelle subversion) est d’émietter la Syrie et de briser son rôle historique et de leadership dans la région ».

    Walid al-Mouallem, chef de la diplomatie syrienne, qui assistait à cette réunion au sommet, aurait pu signer un tel communiqué, ce qui prouve que Nouakchott se situe plutôt, au sein de la Ligue arabe, dans le camp des amis de Damas, et en tout cas dans celui des adversaires de Doha, de Ryad et de Tunis.

     La position du gouvernement du président mauritanien Aziz est cependant délicate, l’opposition islamiste manifestant bruyamment en faveur de l’expulsion de l’ambassadeur syrien.

    Rappelons, un fois encore, que le cas mauritanien n’est pas isolé. Si l’on prend le tout récent vote de l’Assemblée générale de l’ONU sur la résolution condamnant la répression en Syrie – mais aussi, à un moindre degré, la violence de l’opposition

    – on constate que l’Algérie, le Liban se sont abstenus, ce qui, dans le contexte de pression maximum exercé par l’axe occidental – équivaut à un soutien affiché à Damas.

    Mais même le oui au texte n’équivaut pas, on le constate, à une opposition au gouvernement syrien : après tout la Mauritanie semble avoir voté oui – à moins qu’elle ait été de ces 27 pays n’ayant carrément pas pris part au vote -, et l’Irak, pourtant allié de la Syrie l’a fait :

    voter un texte non contraignant, et reconnaissant malgré tout les violences émanant des groupes d’opposition, a pu apparaître comme une sorte de « formalité » à un certain nombre de pays, arabes ou non.

    Au-delà des apparences diplomatiques, rien n’est figé ni surtout monolithique au sein du monde arabe à propos de la Syrie.

    Et en mars, Doha passe la main à Bagdad pour la présidence tournante de la Ligue arabe, ce qui aura des conséquences inévitables sur ton et les positons de celle-ci vis-à-vis de Damas.

    http://www.infosyrie.fr/

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    « SYRIE - Damas : l’opposition a réussi un coup médiatique, mais sans signification politiqueSYRIE 2 - NOUVELLES DU FRONT - 19 fév 2012 - semaine 7 - 2012 - 20h44 »
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