• Algérie : la diplomatie américaine s'intéresse au frère de Bouteflika

    Algérie : la diplomatie américaine s'intéresse au frère de Bouteflika

    Lundi 16 Avril 2012 modifié le Lundi 16 Avril 2012 - 23:00
    Algérie : la diplomatie américaine s'intéresse au frère de Bouteflika
    (D’Alger) Pour Washington, cet homme demeure une énigme, un mystère. Secret mais puissant, effacé mais omniprésent, discret mais influent, Said Bouteflika, le jeune frère du président algérien, intrigue les Américains, comme en atteste un télégramme diplomatique révélé par "Wikileaks ??"

    Qui est-il ? Quel rôle joue-t-il auprès de son frère ? Quelles sont ses ambitions politiques ? Quel crédit accorder au parti politique dont on dit qu’il ambitionne de lancer ? Son frère Bouteflika nourrit-il l’espoir de lui assurer sa succession en lui confiant le poste de vice-président ?

    Pour percer le mystère, le Département d’Etat a donc réclamé de ses diplomates en poste en Algérie, en Tunisie, en France et au Maroc des informations sur Said Bouteflika. Ils veulent dresser un portrait aussi détaillé que possible de celui qu’on considère comme l’œil du président.

    Dans un câble envoyé mardi 8 décembre 2008 à Alger, Paris, Tunis et Rabat, le Département d’Etat américain transmet un questionnaire en huit points pour obtenir un véritable feedback sur Said Bouteflika.

    Ses accointances au sein de l’armée, ses alliés politiques, ses ennemis, son éventuelle implication dans des affaires de corruption, ses liens avec le FLN, avec le RND, sa relation avec son frère président. Les Américains veulent tout savoir.

    Mieux encore, des informations personnelles sur sa carrière, son éducation, ses habitudes, son statut marital, son tempérament, ses centres d’intérêts, sont également les bienvenues. Bref, tout sur Said Bouteflika.

    Un successeur potentiel ?


    L’intérêt pour Said, 54 ans, ancien universitaire, est d’autant plus important que les Américains manquent cruellement de données sur cet homme qu’on présentait alors -et qu’on présente encore-, comme un successeur potentiel du président Bouteflika.

    Si Said est aussi discret qu’un moine reclus, s’il fuit les lumières préférant le confort de l’ombre, il n’est pas moins craint pour les pouvoirs réels ou supposés que lui confèrent son nom - Bouteflika- et sa proximité avec son frère chef de l’Etat.

    De lui, on dit tout. Mais de lui on sait vraiment peu. Avant l’élection d’Abdelaziz Bouteflika en avril 1999, Said exerçait les fonctions de professeur d’informatique à l’université de Bab-Ezzouar. A l’époque, il fut membre du CNES, le syndicat des enseignants, et fréquentait même les cercles de l’extrême gauche.

    Depuis l’intronisation d’Abdelaziz, Said est officiellement conseiller à la présidence, nommé par décret non publiable.

    Et ces onze années passées au cœur du pouvoir ont fait de lui un autre homme. Un vizir qui fait et défait les carrières, un personnage qui aurait jeté ses tentacules sur divers secteurs d’affaires, un homme qui fraye avec industriels, importateurs et businessmen de tous acabits, un intriguant qui agit derrière le grand frère.

    C’est que sa discrétion autant que celle de ces autres frères contribue à alimenter la légende.

    Ce câble de l’ambassade US à Paris, émis le 16 décembre 2009, et révélé par le site Wikileaks, dresse un portrait toutes en nuances de Said Bouteflika.

    S’il ne perce par les mystères qui entourent le frère, ce mémo permet néanmoins de saisir la température ambiante en Algérie un mois après la révision de la constitution de novembre 2008 qui autorise Bouteflika à briguer un troisième mandat.


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    Document : le câble de l’ambassade US à Paris sur Said Bouteflika

    « Résumé : Les Français ont peu d’informations sur la vie privée, les opinions personnelles et les ambitions politiques de Said Bouteflika, selon Anne-Claire Legendre, chef de bureau Algérie au ministère français des Affaires étrangères.

    Néanmoins, Legendre a déclaré à Poloff [diplomate américain à Paris, ndlr] le 14 décembre, sur la base de sources et d’analyses françaises, qu’elle croit savoir que Said a commencé a jouer un rôle significativement important dans la vie politique algérienne, culminant dans son rôle décisif dans la gestion de la compagne 2008 pour la réélection de son frère, le président Bouteflika.

    Comme directeur de champagne, Said a travaillé étroitement avec les dirigeants du RND, a rapporté Legendre : elle a décrit le groupe avec lequel il a collaboré comme “ des technocrates laïques et des businessmen ”, et s’est demandé si cette relation étroite pouvait donner un aperçu sur la vision du monde de Said.

    Plus loin, Legendre s’est demandée si les frères Bouteflika ne dissimulent pas leurs plans pour la succession pour bâtir un soutien parmi l’élite algérienne, qui demeure défiante à toute tentative de “ personnaliser ” la présidence à travers la création d’une dynastie familiale.

    Elle a également abordé l’opposition parmi cette élite à la création d’un nouveau parti politique par Said, et les tentatives supposées de Abdelaziz en 2008 de créer pour Said un poste de vice-président.

    Secret et discret

    Anne Claire Legendre a dit que les tentatives françaises pour percer ses plans pour la succession se sont heurtées au secret qui entoure le président Bouteflika. Les frères Bouteflika ont remarquablement réussi à limiter l’accès du public aux informations relatives à leurs vies privées ainsi qu’à leurs accointances politiques, a fait observer Legendre.
     
    Conséquemment aux secrets qui entourent les Bouteflika, le gouvernement français a peu d’informations sur la santé des deux frères, a affirmé Legendre, quoi, a-t-elle remarqué, Abdelaziz maintient un agenda régulier et soutenu.

    Elle a décrit l’absence de rapports sur les Bouteflikas comme particulièrement remarquable quand on les compare aux critiques souvent véhémentes du système politique algérien lancées par des journalistes à l’intérieur et l’extérieur du pays.

    Elle a noté qu’Abdelaziz n’a jamais été photographié avec une femme. Il semble, selon elle, que les journalistes algériens aient adopté une forme d’ “ auto-censure” en s’abstenant d’écrire sur “le clan Bouteflika. ”

    D’éventuelles raisons pour différer les plans de succession

    En plus de leur fort penchant pour le secret et la discrétion, les frères Bouteflika pourraient avoir une autre motivation pour dissimuler leurs plans de succession : un désir d’obtenir l’appui des élites algériennes, qui restent réfractaire à toute tentative de “personnaliser” la présidence, selon Legendre.

    Elle a dit que les Algériens perçoivent leur pays comme ayant un héritage révolutionnaire plutôt que dynastique, - une présidence basée sur un “culte de la personnalité ” est étranger à la tradition de la politique algérienne, a fait valoir Legendre

    À cet égard, a-t-elle dit, les Algériens se considèrent en quelque sorte supérieur à leurs voisins d’Afrique du Nord, y compris le Maroc, la Libye, la Tunisie et même l’Égypte, dont les dirigeants semblent tous déterminés à assurer à un parent la succession à la tête de l’Etat.
     
    Ainsi, lorsque Abdelaziz a poussé le Parlement à réformer la Constitution en novembre 2008 pour lui permettre de briguer un troisième mandat, les Algériens étaient “ choqués ” par ce qu’ils perçoivent comme la “personnalisation” de la présidence.

    Premier rôle public de Said : manager de campagne

    Au cours des cinq dernières années, Saïd Bouteflika a commencé à jouer un rôle plus important dans la vie politique algérienne, a fait valoir Legendre. Elle a affirmé qu’il a joué un rôle important, quoique dans les coulisses, comme “manager de campagne” dans la campagne électorale d’Abdelaziz pour la présidentielle de 2004.

    Au cours de la campagne de 2008, a-t-elle dit, Saïd a repris son rôle, mais cette fois, “en avant” plutôt que derrière les rideaux. Pour les Français, ce changement indique, a rapporté Legendre, que Saïd a commencé à jouer un rôle politique plus influent. Néanmoins, il ne s’est jamais encore exprimé en public, il reste “ vraiment un homme de l’ombre”, a-t-elle observé avec ironie.

    Said et le RND

    En tant que manager de campagne, Said a étroitement travaillé avec les responsables du Rassemblement national démocratique (RND), a rapporté Legendre :
     
    - elle a décrit le groupe avec lequel il a collaboré comme “ des technocrates laïques et des businessmen ”, et s’est demandée si cette relation étroite pouvait donner un aperçu sur la vision du monde de Said. Cette étroite collaboration peut donner un aperçu sur cette vision, a avancé Legendre, quoiqu’il faille noter que Said a mené une campagne qui incluait une amnistié générale - une mesure plutôt favorable aux islamistes qu’aux laïques.

    Rumeurs sur le parti politique de Said

    Legendre a affirmé qu’elle ne sait pas si Saïd finirait éventuellement par lancer un nouveau parti politique, mais elle s’est interrogée quant à savoir qui pourrait avoir orchestré les rumeurs à ce propos.

    Cela pourrait être Said lui-même, a-t-elle dit ou son frère, auquel cas les Bouteflikas chercheraient à lancer un “ ballon de sonde ” pour jauger la réaction du public.

    Une forte réaction négative pourrait persuader Abdelaziz d’abandonner l’idée, s’est aventuré Legendre, même si elle ne juge pas la réaction du public particulièrement forte dans un sens ou dans l’autre. Cependant, elle a décrit la réaction des dirigeants des deux plus grands partis politiques - le Front de Libération Nationale et le Rassemblement national démocratique- comme “défensive”. Ils perçoivent ce nouveau parti comme une menace, a-t-elle spéculé.

    Opposition à un éventuel nouveau parti

    La publicité autour des plans présumés de Said pourrait avoir pour origine des membres de l’établissement qui s’opposent à l’avènement d’un nouveau parti. Ces adversaires pourraient être issus soit des deux plus grands partis politiques, ou parmi les chefs de l’armée ou des services de renseignement. Ils pourraient chercher à alimenter la publicité autour d’un éventuel parti politique de Said pour susciter une réaction, démontrant ainsi aux deux frères qu’ils ferint face à une vive opposition si d’aventure ils envisagent de créer un nouveau parti.

    Said pour vice-président

    Legendre a également souligné l’insistance d’Abdelaziz à créer le poste de vice-président pendant le processus de réforme constitutionnelle de 2008. Cette tentative a finalement échoué, peut-être, a estimé Legendre, parce que Saïd semblait être le candidat principal à ce poste.
     
    Legendre a dit qu’elle croit que l’échec de cette tentative à créer ce poste pourrait indiquer que les dirigeants de l’armée ou des services de renseignement ne voulaient pas de Said à ce poste d’où il pourrait devenir successeur de facto d’Abdelaziz.
     
    Legendre a également soulevé la possibilité qu’Abdelaziz pourrait essayer à nouveau, au cours de son troisième mandat, de faire passer un amendement constitutionnel établissant le poste de vice-président.

    Il n’est pas costaud, c’est mon frère (en plus âgé)

    Legendre a déclaré que le gouvernement français considère comme un élément significatif le fait que Said soit issu d’une autre génération que celle de son frère ainé. Elle a estimé que 20 ans d’âge les séparent, plaçant ainsi Said dans la cinquantaine (elle a estimé qu’il est âgé de 52 ans).

    La période révolutionnaire, les crises régionales des années 1970, le soulèvement social des années 1980 ont profondément façonné la vision du monde d’Abdelaziz, a-t-elle dit.
     
    Said pourrait être nourri par d’autres influences, quoi que Legendre ne s’est pas hasardée à spéculer sur leur nature. »

    Traduit de l’anglais par Farid Alilat
    Lundi 16 Avril 2012 - 22:57

     Publié dans DNA

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    Algérie : Said Bouteflika, le frère cadet du président, véritable patron du FLN ?

    Lundi 16 Avril 2012 modifié le Lundi 16 Avril 2012 - 22:42
     
    On le dit puissant, faiseur et défaiseur de carrières Said Bouteflika. Tapi dans l’ombre, n’agissant jamais sous les lumières, ne s’exprimant jamais dans les médias, le jeune frère du chef de l’Etat gèrerait tout, ou presque.
     
    La présidence, les affaires, les ministres, les dirigeants de partis, et maintenant les listes des candidats à la députation au sein du parti FLN (Front de libération nationale) ?

    En l’espace de dix jours, un ancien ministre, Boudjemaâ Haichour, parti en croisade à la tête de 220 membres du comité central (CC) du FLN pour obtenir la destitution de Abdelaziz Belkhadem, accuse nommément Said Bouteflika d’être directement intervenu dans la confection des listes électorales du FLN aux législatives de mai 2012.

    La première fois, ce fut lors d’un entretien accordé au quotidien arabophone Djazair News.

    Dépité par son exclusion de ces listes, M. Haïchour accuse M. Belkhadem d’avoir abdiqué. « Belkhadem m’a affirmé textuellement, vous pouvez le publier, que la candidature de Rachid Harouabia (ministre de l’Enseignement supérieur, NDLR) lui a été imposée par Said Bouteflika », affirme-t-il dans cet entretien paru mercredi 4 avril.

    Il impose

    Ni Belkhadem ni encore moins Said Bouteflika n’ont confirmé ou démenti ces propos. Il est vrai que le frère cadet du président qui occupe les fonctions de conseiller à la présidence, ne s’exprime jamais dans la presse. Jamais.

    Une seconde fois, ce vendredi 13 avril dans une interview publiée cette fois-ci par El Watan Week-end. Le même Boudjemaâ Haïchour revient à la charge en attaquant le couple.


    « Il (Belkhadem, NDLR) me l’a affirmé dans son bureau lors d’une rencontre au cours de laquelle j’étais venu contester l’éventualité de voir Rachid Harraoubia désigné tête de liste à Alger. Il m’a avoué que Harraoubia et Louh (ministre du Travail et de la protection sociale, NDLR) lui ont été imposés par le frère du Président ».

    Donc Said Bouteflika, qui n’exerce aucune fonction officielle au FLN, parti au sein duquel il n’a jamais milité, impose sinon sa loi, ses choix.

    Joujou

    Le SG du FLN, en poste depuis 2005, serait-il devenu un joujou entre les mains du conseiller spécial du chef de l’Etat ? Said Bouteflika serait-il en fait le véritable patron de l’ex-parti unique dont la présidence est assurée par son frère ainé ?

    Il faut peut-être croire M. Haïchour puisqu’il l’affirme à deux reprises sans qu’il ne soit démenti.

    Si la confection des listes électorales du FLN fait couler beaucoup d’encore et provoque une nouvelle fronde qui emporterait à terme Abdelaziz Belkhadem, elle illustre aussi l’ascendant pris par Said Bouteflika, 54 ans, sur ce parti. Du moins, sur son chef officiel.

    Si cet ancien professeur à l’université de Bab Ezzouar a réussi à imposer trois ministres comme candidats à la députation -au risque de provoquer une grave crise au FLN -, si encore Abdelaziz Belkhadem avoue son impuissance à s’opposer à ces choix dictés par téléphone ou autour d’un thé ou d’un whisky, cela voudrait simplement dire que le véritable patron du parti ; celui à qui l’on obéit sans moufter ; celui à qui l’on n’ose pas dire non, ce patron là n’est autre que Said Bouteflika.

    Qui connait Said ?

    C’est que ce vaudeville qui secoue le vieux parti autour des listes électorales remet en lumière le rôle occulte de Said Bouteflika dans les arcanes du sérail algérien.

    Certes l’homme est aussi muet qu’une tombe, certes encore fuit-il les lumières, mais il n’est pas moins craint pour les pouvoirs réels ou supposés que lui confèrent son nom -Bouteflika- et sa très grande proximité avec son frère chef de l’Etat.

    De Said Bouteflika, on dit et prétend tout. Mais de lui on sait peu de choses. Très peu.

    C’est d’autant plus surprenant que l’homme cultive une très grande proximité avec bon nombre de journalistes et de photographes de presse algériens pour lesquels il a toujours un petit mot, un petit geste d’égard, une petite tape dans le dos, dans les sorties officielles.

    Avant l’élection de Bouteflika en avril 1999, Said exerçait les fonctions de professeur à l’université de Bab-Ezzouar.

    A l’époque, il fut membre du CNES, le syndicat des enseignants, et fréquentait même les cercles de l’extrême gauche, en l’occurrence les trotskistes.

    Depuis l’élection de son frère, Said est officiellement conseiller à la présidence, nommé par décret non publiable. Mais à l’ombre du grand frère qu’il accompagne partout en Algérie et à l’étranger, il est devenu une sorte de vice-président.

    La patron ?

    Un président-bis qui fait et défait les carrières des ministres, de hauts cadres de l’Etat, de députés...Un personnage qui aurait jeté ses tentacules sur divers secteurs d’affaires, frayant avec dirigeants de partis politiques, industriels, importateurs et businessmen et intriguant derrière les rideaux.

    In fine, sa puissance réelle ou supposée aura contribué à faire de lui un Vizir qui aspirerait même à prendre la place du grand frère lorsque celui-ci aura quitté le pouvoir.

    Et n’est-ce pas cette puissance, n’est-ce pas ce pouvoir occulte, qui lui permettent aujourd’hui de dicter ses choix dans l’élaboration des listes électorales du FLN jusqu’à en faire le véritable patron ?

    Farid Alilat

     

    Lundi 16 Avril 2012 - 22:29
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