• Après l'expérience libyenne, la Russie dit "niet" à l'Occident pour la Syrie

    Furieuse après la récente intervention militaire internationale en Libye, la Russie refuse de coopérer avec l'Occident pour accentuer la pression sur la Syrie, afin de préserver ses liens étroits avec ce pays, estiment jeudi des analystes.

    28/04/11 | 17:34© AFP - Dmitry Astakhov
    © AFP - Dmitry Astakhov

    Moscou s'est opposée à des pays occidentaux en bloquant mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU une déclaration proposée par la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Portugal qui condamnait la répression du mouvement de contestation populaire par les autorités syriennes.

    La position de la Russie contraste avec son attitude plus coopérative concernant la Libye. Elle s'était abstenue en mars lors d'un vote au Conseil de sécurité qui a autorisé le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi réprimant lui aussi une révolte populaire.

    Le Kremlin a accusé par la suite l'Occident d'avoir été au-delà du mandat des Nations unies et redoute une intervention terrestre de la coalition internationale en Libye.

    "La Russie a vu ce qui s'est passé en Libye et on peut logiquement supposer que la position de la Russie à l'égard de la Syrie sera plus tranchée que celle sur la Libye", a déclaré à l'AFP Alexandre Filonik, expert à l'Institut des études orientales de Russie.

    "Le fait que les événements en Syrie puissent évoluer selon un scénario à la libyenne suscite des préoccupations" en Russie, a-t-il ajouté.

    Le président de l'Institut russe du Moyen-Orient, Evgueni Satanovski, partage ce point de vue: "La position de la Russie sur la Libye était simple -- allez vous-mêmes sur ce terrain miné --. Concernant la Syrie, elle sera encore plus simple. La logique appelle la Russie à dire non", a expliqué l'analyste.

    Soucieuse des accusations de violations de droits de l'homme à son encontre, la Russie se montre en général peu favorable à l'ingérence de l'ONU dans ce qu'elle considère comme des affaires intérieures d'Etats souverains, comme l'ont illustré les propos mardi du Premier ministre russe, Vladimir Poutine, évoquant la Libye.

    "Pourquoi fallait-il intervenir dans ce conflit? N'avons-nous pas d'autres régimes tordus dans le monde? Allons-nous intervenir partout dans les conflits internes? (...) Allons-nous bombarder ces pays ?", a lancé M. Poutine.

    De son côté, l'ambassadeur adjoint de la Russie à l'ONU, Alexandre Pankine, a estimé mercredi que la crise en Syrie ne représentait "pas une menace pour la paix et la sécurité internationales".

    "Une vraie menace pour la sécurité régionale pourrait venir d'une ingérence extérieure. De telles approches conduisent à un cercle de violence sans fin" et "pourraient provoquer une guerre civile", a averti M. Pankine.

    Jeudi, la Russie a toutefois appelé les autorités syriennes à punir les personnes responsables de la mort de manifestants dans des heurts avec les forces de l'ordre.

    En prenant ses distances avec les événements en Syrie, Moscou cherche aussi à ne pas compromettre ses relations avec ce pays avec lequel elle entretient d'étroites relations depuis l'époque soviétique.

    Dmitri Medvedev a été le premier président russe à se rendre l'an passé en Syrie, où il a promis de construire des infrastructures dans les domaines du gaz et du pétrole, et même une centrale nucléaire.

    La Syrie, qui a été l'un des rares pays à soutenir l'intervention militaire russe en 2008 en Ossétie du Sud, territoire séparatiste géorgien pro-russe, achète l'essentiel de ses armements à la Russie.

    Par Anna SMOLTCHENKO
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