• INFOSYRIE fr. -Moscou, Téhéran, Bagdad : les nouveaux pôles magnétiques de la diplomatie

    INFOSYRIE fr. -Moscou, Téhéran, Bagdad : les nouveaux pôles magnétiques de la diplomatie

    Par Guy Delorme,


     

    Nabil al-Arabi et son hôte irakien Hochiar Zebari : le sommet de Bagdad sur la Syrie ne ressemblera pas aux précédents

    Nabil al-Arabi et son hôte irakien Hochiar Zebari : le sommet de Bagdad sur la Syrie ne ressemblera pas aux précédents

    La Syrie a prévenu ce mercredi qu’elle rejetterait toute initiative émanant du sommet de la Ligue arabe qui doit vraiment s’ouvrir demain à Bagdad.

    Le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi, en a précisé les raisons « techniques » :

    -depuis sa suspension de la Ligue arabe, « la Syrie traite avec les Etats membres de cette organisation à titre bilatéral.

    La Syrie rejettera par conséquent toute initiative émanant de la Ligue arabe à quelque niveau que ce soit« .

    Comme on dit en français, la Syrie conserve à la Ligue arabe un « chien de sa chienne », même si c’est à Bagdad, et sous présidence irakienne, que se tient le sommet.

    Et puis sans doute Damas tient-il à avertir la Ligue arabe que son acceptation du plan conçu par elle et l’ONU ne signifie pas que le gouvernement syrien est disposé à recevoir la moindre admonestation de la part de gouvernements qui pour l’essentiel se sont alignés sur le maximalisme pro-opposition des Américains, des Séoudiens et des Qataris.

    Sur place en tous cas, à Bagdad, le chef de la diplomatie irakienne, Hochiar Zebari, a salué « l’avancée très importante » que constitue l’acceptation syrienne du plan de paix arabo-onusien.

    Comme le rappelle le correspondant de Reuters, la Ligue arabe est divisée, encore plus que naguère, sur le sujet syrien :

    - les pétro-monarchies sont quelque peu marginalisées par leur extrémisme – et aussi leur échec face à Bachar – et l’on doit noter la déclaration du représentant des Emirats arabes unis pour qui l’arrêt des violences est la « priorité » et qui soutient résolument le plan Annan pour une trêve et des négociations inter-syriennes, quand le Qatar et l’Atabie Séoudite s’accrochent à leur idée d’armer l’ASL et les autres bandes activistes en Syrie.

    -Par ailleurs l’Irak, le Liban , l’Algérie, la Mauritanie, le Soudan et jusqu’à l’Egypte campent sur des positions modérés et conciliatrices. Précision révélatrice du « changement de climat » géopolitiq-ue, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a reconnu dans un entretien à un quotidien arabe  que le sommet de Bagdad n’appellerait pas, contrairement au précédent, au départ de Bachar al-Assad : la roue a tourné…

    Erdogan à Téhéran comme à Canossa ?

    En parallèle, Kofi Annan poursuit ses consultations auprès des nations alliées, ou ennemies – de la Syrie : après la Russie et la Chine, l’émissaire de l’ONU doit se rendre en Iran lundi 2 avril.

    La nouvelle en a été annoncée par le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi, en marge de entretiens qu’il avait d’avoir avec le Premier ministre turc Erdogan, actuellement en visite à Téhéran.

    Bien sûr, Erdogan a parlé avec ses hôtes de la Syrie. La conversation a dû être animée tant les positions de l’Iran et de la Turquie sur le sujet sont opposées. Comme le dit avec tact Salehi, « Il y a certaines différences de point de vue entre l’Iran et la Turquie à propos de la situation en Syrie (…) Mais nous sommes en train de les réduire ».

    Sur la base de tout de qu’on sait de la position résolument pro-Bachar des autorités iraniennes, position réaffirmée avec force mardi 27 par Mahmoud Ahmadinejad lui-même, on doit conclure de la déclaration du ministre iranien que c’est Erdogan qui a dû faire un bout de chemin.

    Ahmadinejad avait quand même déclaré mardi : « La République islamique d’Iran n’a aucune limite pour développer ses relations avec la Syrie et fera tout pour soutenir ce pays« .

    Et il avait vertement critiqué au passage le rôle du Qatar et de l’Arabie Séoudite.

    On suppose que c’est pas courtoisie ou bon sens diplomatique qu’il ne s’en est pas pris dans la foulée à son visiteur Erdogan, pas moins blâmable sur le dossier syrien que leurs altesses pétro-monarchiques.

    En tous cas, les oreilles de M. Erdogan ont quand même dû siffler un peu à Téhéran et il a sans doute été invité à mettre de l’eau dans son vin ou dans son thé.

    Mais Erdogan n’est pas le seul à devoir « manger son chapeau » :

    les Occidentaux, les Euro-Américains, y compris l’arrogant Alain Juppé n’ont pu obtenir l’approbation du plan de paix par la Russie et la Chine qu’en lâchant beaucoup de lest sur le dossier syrien.

    Sur le site néo-conservateur « de gauche » français Slate.fr le spécialiste des relations internationales et ancien directeur de la rédaction du Monde Daniel Vernet fait remarquer, ce mercredi 28 mars, que c’est Juppé qui a résisté le plus longtemps à cette revendication de la diplomatie russe, que la violence des opposants soit mise sur le même plan que celle du régime.

    Une évidence et un minimum pour que s’engagent un vrai processus de négociations, mais une évidence et un mimimum que ne pouvait se résoudre son arrogante excellence du Quai d’Orsay. 

    De toute façon, ni la France ni les même les Américains ne sont plus les maîtres du jeu diplomatique autour de la Syrie. : le centre de gravité international s’est déplacé vers l’Est, tandis qu’au niveau régional et arabe, il remontait de Doha à Bagdad.

     

     

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