• L’Afrique dans la géopolitique du XXe siècle

     L’Afrique dans la géopolitique du XXe siècle - mars 2012

    Alexei Grigoriev
    17.03.2012, 15:25

    Photo: EPA


    L’Institut de l’Afrique de l’Académie russe des sciences et la Fondation allemande Rosa Luxembourg ont tenu cette semaine à Moscou une conférence internationale consacrée à l’avenir de l’Afrique et à la confrontation des acteurs anciens et nouveaux.

    Le mot acteur est employé en l’occurrence pour désigner « les sujets de la politique internationale » - précise Alexei Grigoriev. Quant à l’objet de cette politique, c’est l’Afrique dans son ensemble.

    Pour rester plus près de la problématique de la conférence, il s’agit de ses ressources et de la volonté grandissante de se les approprier manifestée par les acteurs anciens et nouveaux.

    Ces questions ont été au centre du débat des politologues, économistes, historiens, experts en Afrique, diplomates des pays africains, doctorants de plusieurs grandes écoles de Moscou et hôtes africains présents à la conférence…

    « Notre propos portera aujourd’hui sur les facteurs extérieurs qui exercent leur influence sur le continent africains », - a dit d’entrée en jeu Peter Linke qui dirige la division de Moscou de la Fondation Rosa Luxembourg.

    « Il existe de nombreux centres de force extérieurs qui manifestent un intérêt évident pour l’Afrique. Ce sont les États-Unis et les pays de l’UE ainsi que la Chine, l’Inde et le Japon qui se trouvent très loin de l’Afrique. Ces pays et les États-Unis en tout premier lieu mènent  la politique qui tend à transformer l’Afrique en leur chasse gardée et cela nous inquiète.

    Pourquoi la chasse gardée?

    Mais parce que, premièrement, cela signifie un accès illimité aux ressources naturelles du continent africain y compris ses terres.

    Deuxièmement, le continent est submergé de produits de la culture occidentale ce qui conduit à l’abrutissement de la population africaine.

    Toute cela fait apparaître une nette politique d’érosion ou de déstabilisation de la souveraineté nationale des pays africains. Pour repousser cette attaque extérieure concertée, s’imposent les efforts également concertés des pays africains eux-mêmes surtout par le biais de l’Union Africaine ».

    Le professeur Léonid Fitouni, expert russe en Afrique, parle de sa vision de la place de l’Afrique dans le monde contemporain.

    « Dans notre monde en mutation l’Afrique ne se contente plus d’occuper traditionnellement une place d’observateur et d’objet passif mais tend de plus en plus à jouer un rôle actif voire central, - fait ressortir Léonid Fitouni. – Que se passe-t-il en fait et quelle est la raison de cette évolution?

    De notre point de vue, les changements qui s’opèrent en Afrique et sur son périmètre font penser à ce qui se passait à la charnière du 19e et du 20e siècles.

    D’abord la conférence de Berlin de 1874 qui a fixé la division coloniale de l’Afrique entre les grandes puissances européennes, puis la Première guerre mondiale provoquée entre autres par la volonté de l’Allemagne de procéder à une nouvelle partition du continent.

    Au milieu du 20e siècle et notamment après la Seconde guerre mondiale a commencé le processus de décolonisation et de nouveaux acteurs puissants – les États-Unis et l’Union Soviétique – sont venus bousculer les grands pays européens. A la fin du 20e et au début du 21e siècles, l’Afrique a vu s’affirmer sur son territoire de nouveaux acteurs internationaux forts comme la Chine et l’Inde qui se livraient une véritable lutte pour les ressources naturelles africaines ».

    « C’est que, - estime Léonid Fitouni, sans compter la Russie et, accessoirement, le Brésil, la plupart des autres pays éprouvent une pénurie de ressources minérales et énergétiques que recèlent les sous-sols africains.

    Le professeur Fitouni ne cite qu’un exemple à savoir que l’Afrique possède le gros des réserves mondiales de platine et de ses dérivés qui sont indispensables pour le développement de l’électronique à commencer par les téléphones portables.

    Le Zimbabwe possède, par exemple, un cinquième des réserves mondiales de ces métaux contre seulement 5% pour la Russie.

    De plus, - poursuit Léonid Fitouni, la production des ressources minérales en Afrique a un taux de rentabilité de l’ordre de 30%, soit trois fois plus par rapport au reste du monde. De fait de ses ressources naturelles, l’Afrique s’intègre rapidement à l’économie mondiale mais, malheureusement, comme source de ressources minérales et d’hydrocarbures.

    Finalement, c’est l’Afrique qui s’est retrouvée au centre du développement de l’économie globale et d’une concurrence serrée que se livrent les acteurs nouveaux et anciens de la géopolitique mondiale.

    En même temps, les problèmes vitaux de l’Afrique elle-même à savoir comment mettre ses potentialités immenses au service des pays du continent, demeurent toujours irrésolus.

    La solution passe par la voie politique et c’est précisément dans ce domaine que les pays africains sont ces derniers temps de plus en plus sollicités par les principaux acteurs internationaux. Il s’agit en fait d’un nouveau partage de leur influence politique, militaire et culturelle sur l’Afrique.

    C’est à cette conclusion qu’on abouti à l’unanimité les participants de la conférence de Moscou ».

    « Dans quelle mesure les discussions à la conférence répondent-elles à votre vision de l’avenir de l’Afrique? – a demandé le correspondant de la Voix de la Russie  au Sénégalais Amacodou Diouf, président de l’ONG de gauche « Pour le développement intègre au Sénégal ».

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