• La Fed peut-elle remonter ses taux ?

    La Fed peut-elle remonter ses taux ?

     

     
    Ben Traynor

    Ouille !

    La semaine dernière, tous les gros titres portaient sur les “corrections” de marché – une chute de 10% par rapport aux plus hauts.

    La semaine à peine commencée, que l’on parlait déjà de marchés baissiers (que beaucoup définissent comme une chute de 20% par rapport aux plus hauts).

    “Le DAX se dirige vers un marché baissier”, titrait Bloomberg en début de semaine. L’indice allemand était alors à un cheveu d’atteindre le seuil de 20%.

    Lundi dernier, le FTSE 100 a ouvert en baisse de près de 3% par rapport à vendredi, enregistrant une baisse de 15% par rapport à son plus haut.

    La faute en revient encore une fois à la Chine. Même l’agence de presse officielle chinoise Xinhua a utilisé le terme de “Lundi Noir”. Le Shanghai Composite a piqué du nez, perdant 8,5% lundi – en plus des 11,5% perdus la semaine dernière.

    Une faiblesse mise au jour

    Comme on pouvait s’y attendre, ce drame est du pain béni pour les analystes.

    La croissance officielle est largement surévaluée par rapport à la croissance économique réelle“, observe Wei Yao, de la Société Générale. Il ajoute que la consommation chinoise d’électricité s’est effondrée.

    Mais les problèmes ne se cantonnent pas à la Chine, comme le prouve l’effondrement global.

    La fragilité de ce système financier artificiellement manipulé a été mise à nu les deux derniers jours de la semaine dernière“, explique Jim Reid, de la Deutsche Bank.

    Nous sentions depuis longtemps que la seule chose qui empêchait une autre crise financière d’éclater était l’extraordinaire liquidité de la banque centrale et les interventions des autorités mondiales. Et cela n’est pas prêt de s’arrêter. Par conséquent, lorsque la politique change, les risques s’élèvent.

    Reid évoque ici deux changements de politique, un réel et un potentiel.

    Le changement réel est le mouvement de la monnaie chinoise il y a deux semaines, lorsqu’elle a mis fin à son arrimage au dollar.

    Le changement de politique potentiel est la première hausse des taux d’intérêt américains depuis 2006.

    On a dit que ce changement pourrait avoir lieu le mois prochain, même si la probabilité semble être moins forte. A présent, le marché le situe aux alentours de 34%, en-dessous des 54% d’il y a deux semaines.

    Des taux d’intérêt plus élevés “seraient une grave erreur”

    Larry Summers ajoute sa voix au lobbying contre une hausse des taux d’intérêt de la Réserve Fédérale. L’ancien secrétaire au Trésor américain a pris sa meilleure plume et a écrit un article réellement époustouflant dans le Financial Times.

    Une hausse des taux dans un futur proche serait une grave erreur et menacerait les trois principaux objectifs de la Fed : la stabilité des prix, le plein emploi et la stabilité financière“.

    Examinons de plus près ces trois points.

    Concernant la stabilité des prix, Summers souligne qu’avec une inflation inférieure à 1% et un objectif de la Fed à 2%, un resserrement de la politique n’a pas de sens.

    Il faut reconnaître qu’il a raison sur ce point.

    Sur le plein emploi, il craint que “des taux d’intérêt plus élevés rendent plus intéressant de garder le cash que de l’investir“. Une baisse des investissements signifie moins d’emplois.

    Je suis moins convaincu par cet argument. On peut répondre que ce qui décourage l’investissement est moins le rendement attendu par rapport au cash qu’une forte incertitude.

    Après tout, si la Fed augmentait son taux cible de -0,25% à, par exemple, 0,5% cela ferait-il une différence pour une entreprise face à des opportunités d’investissement réellement attractives ?

    Peu importe, ce n’est pas là son écrit le plus percutant. Voici le clou de son article : “Il peut y avoir eu un problème de stabilité financière incitant à augmenter les taux il y a six ou neuf mois, alors que les faibles taux d’intérêt encourageaient les investisseurs à prendre plus de risques et les entreprises à emprunter plus d’argent et à s’engager dans l’ingénierie financière. A l’époque, je pensais que les coûts économiques d’une hausse des taux l’emportaient sur les bénéfices d’une stabilité financière mais il y avait matière à discussion.

    Certes, la question pouvait alors se poser, cher Larry.

     

    Les taux finiront-il un jour par remonter ?

    Selon Summers, les taux faibles ont alimenté les problèmes dans le secteur financier mais les coûts économiques de faire quelque chose pour y remédier auraient été trop élevés.

    Comme si l’économique et le financier n’avaient plus aucun rapport entre eux. Comme si une bulle boursière puis son éclatement entraînaient des coûts insignifiants pour l’économie.

    Les banques centrales comme la Fed s’inquiètent de la stabilité financière précisément parce qu’elle impacte l’économie. Une instabilité financière rend la prise de décisions d’investissements beaucoup plus difficile pour les entreprises.

    En résumé : oui, maintenir des taux faibles a aidé à rendre le système financier moins stable. A cause de cela, il faut maintenir les taux faibles.

    Je pose alors une question : et si l’instabilité financière accrue était elle-même l’une des raisons pour lesquelles l’économie semble trop fragile aux décideurs qui réfléchissent à une augmentation des taux ?

    Cette idée n’est pas saugrenue. Mais selon le raisonnement de Summers, cela signifie que les taux ne pourront jamais remonter. Des taux faibles rendent le système instable. Cette instabilité pèse sur l’économie. Les taux restent bas. Répétez jusqu’à ce que crise s’ensuive

    http://quotidienne-agora.fr/2015/08/27/fed-taux-directeurs-2/


     

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