• Le mystère plane sur l'auteur du film anti-islam

    Le mystère plane sur l'auteur du film anti-islam

    CRISE "Nous sommes à 100% contre ce film et avons été grossièrement trompés sur ses intentions et objectifs", affirment les acteurs du film.

    Mystères et confusion régnaient jeudi sur l'identité de l'auteur du film ayant provoqué de violentes attaques contre les Etats-Unis en Egypte, en Libye et au Yémen, et la mort d'un ambassadeur américain alors qu'il se trouvait au consulat de Benghazi.

     

    Le cinéaste, qui se qualifie d'Américano-israélien et se fait appeler Sam Bacile, aurait décidé de se cacher, selon l'un de ses collaborateurs, craignant pour sa vie après l'éruption de violences provoquée par son film à petit budget "Innocence des musulmans", qui tourne en dérision le prophète Mahomet.

     

     

    Le facteur copte


    Plusieurs informations font également état de l'implication d’Égyptiens coptes dans cette affaire.

    Mercredi soir, une information relayée par les médias américains affirmait qu'un copte vivant dans la banlieue de Los Angeles, Nakoula Basseley Nakoula, était le responsable de la société de production du film et qu'il avait eu maille à partir avec la justice. Des documents judiciaires dont l'AFP a eu copie confirment que Nakoula Basseley Nakoula a été condamné à 21 mois de prison en 2010 pour escroquerie bancaire et qu'il résidait à Cerritos, dans la banlieue sud de Los Angeles.


    Un journaliste de l'AFP s'est rendu mercredi soir au domicile de M. Nakoula, devant lequel étaient stationnés plusieurs véhicules de la police et du shérif de Los Angeles.


    Deux officiers du bureau du shérif sont restés dans la maison pendant plus d'une heure, et sont sortis sans faire de commentaire vers 21H00 locales (04H00 GMT).


    La famille a refusé de parler aux quelques journalistes présents. Mais la porte d'entrée de la maison, ornée de deux fenêtres semi-circulaires aux motifs originaux, présentait une similitude flagrante avec une porte apparaissant dans plusieurs scènes du film, dont des extraits sont visibles sur internet.

     

    Aujourd'hui, l'agence de presse américaine Associated Press (AP), laissait entendre que Nakoula pourrait être Sam Bacile, le numéro de téléphone par lequel AP ayant contacté mardi Sam Bacile renvoyant à l'adresse de M. Nakoula.

     

    Morris Sadek, un Égyptien copte réfugié aux États-Unis ayant soutenu le film et en ayant fait la promotion sur internet, s’est dit, pour sa part, désolé après la mort de l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye. "L'expression d'une idée devrait être la seule réponse à une idée exprimée", a-t-il déclaré, interrogé par Reuters, précisant qu'il ne considérait pas le film "L'innocence des musulmans" comme une insulte envers l'islam.


    Morris Sadek a également dit à Reuters que son but en soutenant le film controversé était de mettre en lumière la discrimination dont sont victimes, selon lui, les coptes en Egypte, où ils représentent 10% de la population.


    Il incite surtout au visionnage de la première partie du film, durant laquelle se déroule une scène montrant des islamistes en train de saccager la clinique appartenant à un chrétien.

     

    (Lire aussi : Un copte égyptien ayant soutenu le film anti-islam se justifie)

     

     

    Sam Bacile


    Steve Klein, consultant sur le film, a nié mercredi l'implication d'Israël dans la production et a assuré que Sam Bacile -un pseudonyme, a-t-il reconnu- était mortifié par le décès de l'ambassadeur américain en Libye, Chris Stevens, lors de l'attaque du consulat de Benghazi, où trois autres Américains ont été tués. "Il est bouleversé par le meurtre de l'ambassadeur" a assuré M. Klein à l'AFP, soulignant qu'il avait parlé au téléphone à Sam Bacile plus tôt dans la journée, mais qu'il ignorait où il se trouvait.

     

    Dans un entretien au Wall Street Journal, mardi, Sam Bacile s'en était pris directement à l'islam, qu'il qualifiait de "cancer". "C'est un film politique. Pas religieux", ajoutait-il, précisant avoir fait le film -où des acteurs parlant anglais avec l'accent américain présentent les musulmans comme immoraux et gratuitement violents- avec 60 acteurs et une équipe de 45 personnes.

     

    M. Klein craint que le cinéaste ne connaisse le même sort que le réalisateur néerlandais Theo Van Gogh, qui avait été assassiné en 2004 après avoir déclenché des protestations avec un film anti-musulmans. "S'il apparaissait en public, je suis sûr qu'il serait tué très facilement", a-t-il dit.

     

     

    L'équipe du film se dit flouée


    Mais l'équipe du film a fait part de sa colère, mercredi, dans un communiquépublié par le Los Angeles Times. "Tous les acteurs et toute l'équipe sont bouleversés et ont l'impression d'avoir été exploités par le producteur", écrivent-ils.

     

    "Nous sommes à 100% contre ce film et avons été grossièrement trompés sur ses intentions et objectifs. (...) Nous sommes choqués par les réécritures radicales du scénario et les mensonges proférés à toutes les personnes impliquées", ajoute le communiqué. "Nous sommes profondément attristés par les tragédies" survenues en Libye et en Egypte.

     

    L'actrice Cindy Lee Garcia, qui joue une femme dont la fille est proposée en mariage à Mohamet, a affirmé qu'elle ignorait que le film fût une propagande anti-musulmane, ajoutant que des dialogues avaient été doublés après le tournage. Selon elle, "il n'y avait rien sur Mahomet ou les musulmans" dans le film qu'elle a tourné.


    "Tout cela me paraît irréel, c'est comme s'il ne restait rien de ce que nous avons tourné", a-t-elle dit à Reuters dans une interview téléphonique.

     

    L'actrice a précisé que le film, qui aurait coûté 5 millions de dollars, avait été tourné durant l'été 2011 à l'intérieur d'une église proche de Los Angeles. "On m'a dit que c'était un film sur l'époque du Christ, il y a deux mille ans", a-t-elle précisé.

     

    Cindy Lee Garcia a raconté que dans le film, le personnage qu'elle jouait était obligé dans une scène de remettre son enfant à un certain "Maître Georges".


    L'actrice a ajouté que le producteur du film, qu'elle appelle Sam Bassil, était un homme âgé, les cheveux grisonnants, avec un accent arabe et qu'il se disait égyptien. Il l'a payée avec un chèque. "Je lui ai téléphoné mercredi et lui ai demandé pourquoi il avait fait cela. Il m'a mis dans une situation affreuse, des gens sont tués à cause d'un film dans lequel je joue", a-t-elle dit.

     



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