• Les euro-obligations: un remède contre la crise de la dette? - 22.11.2011

    La Commission Européenne a l'intention d'émettre des obligations européennes qui remplaceraient les obligations nationales afin de mettre fin à la crise de la dette. Mais est-ce vraiment une recette miracle?

    1. Sergueï Gouk
    22.11.2011,

    © Flickr.com / wfabry / cc-by
         
     
     Pour certains c’est une arme magique dans la lutte contre la crise de la dette. Pour d’autres, c’est une invention diabolique. Les positions sont ainsi très divergentes sur la décision de la Commission Européenne de soumettre mercredi à l’examen le projet d’émission d'euro-obligations.
     
    C’est pourtant une idée de longue date. Le ministre allemand des finances, Peer Steinbrück, l’a déjà déclinée résolument dans la première moitié des années 2000.
     
    Pourquoi les contribuables allemands et français devraient assumer le fardeau des emprunts non remboursés des pays du Sud de l'Europe?

    Un moyen d'endiguer la spéculation

    Le directeur de l’Institut des marchés financiers et d’économie appliquée de l’Académie financière, Yakov Mirkine commente la situation.

    «L’intention du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, semble intéressante pour mettre fin à la crise de la dette dans la zone euro. Les obligations européennes qu’il est prévu d’émettre à la place des obligations nationales permettront d'endiguer la spéculation contre certains Etats.

    Il sera plus simple d’emprunter pour la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne. Les 17 pays de la zone garantiront leur remboursement. L’essentiel, c’est ce que de nouveaux prêts soient accordés à de faibles taux d’intérêt.»

    C’est là le problème. Cela entraînera des dépenses supplémentaires pour les pays à la notation impeccable. Selon l’économiste Michael Hüther, directeur de l’Institut allemand d’économie, le pot pourri de dettes coûtera aux contribuables au moins 17 milliards d’euros par an. 

    Une solution provisoire

    Il est peu probable que les euro-obligations permettent de régler la crise, estime le directeur de l’Institut des marchés financiers Yakov Mirkine.

    «C’est un problème purement économique. Il faut baisser le niveau d'endettement et consolider les budgets.

    Les euro-obligations sont une solution provisoire.

    C’est un instrument qui peut accentuer les risques. La zone euro comprend des pays aisés, qui ont des dettes mais qui sont aptes à les financer. On ne saurait exclure une sorte d’infection financière. Il est possible que l’Allemagne s’avère dans une situation compliquée sous la couverture des euro-obligations».  

    «A mon avis, la monétisation des dettes peut sauver la zone euro. Autrement dit on émettra. C’est ce qui se produit déjà», a dit pour conclure Yakov Mirkine. Beaucoup de ses collègues européens partagent son l’opinion.

    Certes, on ne saurait exclure que les autorités des Etats débiteurs cèdent à la tentation de s’abriter derrière les gouvernements des pays aisés. Est-ce possible?

    La réunion des dirigeants allemands, français et italiens fixée à jeudi donnera peut-être une réponse à cette question.

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