• LIBAN - SYRIE - L’ASL métastase au Liban

    LIBAN - SYRIE - L’ASL métastase au Liban

    Ces sympathiques jeunes gens sont des salafistes libanais, qui rêvent de mettre le pays duCèdre, Tripoli et Beyrouth à l'heure de BabAmr

    Depuis le début de cette semaine, un calme précaire semble prévaloir au Liban, traversé ces derniers jours par de graves tensions entre extrémistes sunnites pro-opposition syrienne et partis et milices alaouites et/ou pro-syriennes.

    On a vu qu’après Tripoli, Beyrouh avait connu des affrontements, faisant au moins deux victimes, la tension étant encore montée d’un cran après la mort dimanche de deux dignitaires religieux sunnites libanais très engagés dans le camp anti-Bachar, et tués pour n’avoir pas respecté un barrage de l’armée libanaise, dans le nord du pays.

    À ce sujet de la mort des chefs spirituels sunnites, Libération donne la parole, dans son édition du 22 mai, à l’universitaire français Norbert Ballanche dont nous avions apprécié une récente analyse de la situation syrienne (voir notre article « L’universitaire Francis Ballanche dit au Monde des vérités pas bonnes à entendre pour Alain Juppé (et d’autres) », mis en ligne le 13 avril).

    Ballanche estime que la thèse de la « bavure » de l’armée libanaise est crédible : « Pour avoir vécu quatre ans au Liban, je sais qu’il faut vraiment s’arrêter aux barrages » dit-il. « Sinon, l’armée peut penser qu’il s’agit d’une voiture piégée et tirer ».

    Quoiqu’il en soit la mort de cheikh Mohammad al-Merheb et son collègue religieux Ahmad abdel Wahed ne pouvait plus mal tomber, compte tenu du climat de tension et de la contamination de larges parties du pays – y compris certains quartiers de la capitale – par les troubles syriens.

    Une partie de l’opposition libanaise, encouragée plus ou moins ouvertement par le tandem Saad Harri-Samir Geagea, rêve d’en découdre avec les alaouites, le Hezbollah et le gouvernement et l’armée libanais, qu’elle juge inféodés à Damas – ce qui est exagéré, compte tenu de la nécessité pour le gouvernement de Beyrouth de préserver le fragile équilibre politique du pays.

    Et dans cette perspective guerrière, les milices pro-opposition syrienne, mais aussi directement des membres de l’ASL s’organisent et parfois passent à l’action au Liban.

    Nous devons à notre collaborateur Mohamed la traduction d’un article publié le 21 mai par le quotidien libanais – pro-syrien – al Akhbar, et qui fait le point sur la situation politico-sécuritaire dans le pays, à la lumière justement de la montée en force des radicaux sunnites. Qui travaillent main dans la main avec les « réfugiés » ASL, lesquels tendent à organiser des secteurs frontaliers du Liban comme autant de sanctuaires et de bases arrière.

    Et n »hésitent pas à parader, avec leurs camarades libanais, dans les rues de Tripoli. Et la situation est tout aussi explosive dans la zone frontalière avec la Syrie où pro et anti-Bachar libanais semblent se préparer à un affrontement sérieux.

    Le gouvernement et l’armée ne sont pas absents mais marchent sur des oeufs.

    On peut néanmoins penser que les Libanais, musulmans ou chrétiens, sunnites ou chiites et alaouites, proches du gouvernement ou de l’opposition, appuieront toute opération d’envergure de l’armé destinée à mette hors d’état de nuire les fauteurs de guerre civile, qui se trouvent plutôt du côté de extrémistes sunnites, libanais ou syriens exilés.

    C’est non seulement une question de souveraineté mais de paix intérieure. Le ciel libanais se couvre, et les responsables politiques – s’ils sont vraiment responsables – doivent anticiper l’orage.

    Membres de l'ASL à al-Qusayr (sud de Homs) début mai : des centaines de rescapés se sont réfugiés, avec des civils auLiban, qu'ils tentent de transformer en nouveau sanctuaire avec l'aide des groups islamistes libanais

    « Nord Liban », base arrière des combattants syriens !

    La présence des groupes de l’opposition syrienne armée ne se limite pas aux zones libanaises frontalières. Les informations émanant de sources sécuritaires libanaises et les visites sur le terrain montrent également le déploiement en armes de ces groupes à Tripoli. Et elles révèlent aussi les déplacements de ses dirigeants dans le nord du pays pour coordonner le transfert des armes et des blessés.

    -Secteur du Nord Liban :
    Ni le secteur frontalier de Wadi Khaled et ses villages (dans la partie frontalière nord du Liban, encore appelé district d’Akkar), ni Arsal (ville en secteur montagneux, au nord de la Bekaa, et qui abrite un camp de réfugiés syriens),  ni même les projets autour de Qaa (ville du nord-est libanais, à à peine cinq kilomètres de la frontière syrienne et sur la route d’al-Qusayr et de Homs), ne semblent plus suffire en tant que points d’appui pour les groupes de l’opposition syrienne armée.

    Ces derniers se sont infiltrés davantage dans la profondeur du territoire libanais, et se sont mis à se déplacer, en toute liberté, à Tripoli, comme tout Libanais. Ils portent leurs armes individuelles, sans être inquiétés par les services de sécurité. Là, les Syriens armés se sentent en sécurité . Tout a commencé en fait depuis que Tripoli a été déclarée « ville de la révolution syrienne » (par les factions libanaises pro-opposition).

    -Secteur de Abou Samra (Tripoli) :
    Il y a quelques jours, les services des renseignements de l’armée ont effectué une descente à l’hôpital « Az-Zahra », pour arrêter quelqu’un soupçonné de menace un officier de l’armée, sur fond d’histoire de vengeance. Le suspect a été arrêté, et il s’est avéré qu’il s’agissait de Yamen An-Najjar, enregistré sous le nom de « Abou Alaa » lors de son entrée à l’hôpital. Mais l’affaire ne s’est pas arrêtée à ce stade :

    -elle a été suivie par un affrontement entre les hommes des renseignements de l’armée et un groupe syrien armé, épaulé par des militants armés libanais, qui ont fini par extraire le suspect du véhicule militaire et le faire fuir.

    Comme résultat de la poursuite, il a été constaté que le Syrien recherché est un activiste spécialisé dans la contrebande d’armes au profit groupes armés syriens.

    Selon des informations de sources sécuritaires, c’est l’un de ceux qui ont commis des massacres en Syrie, il a même gardé sur son téléphone cellulaire des vidéos d’actes d’égorgement qu’il a effectués. Des sources de l’opposition syrienne ont démenti auprès de la rédaction d’Al Akhbar sa participation à toute action militaire.

    Mais les mêmes sources affirment qu’Abou Al Alaa est un ingénieur, et l’un des plus doués en matière de technologie, dans l’opposition.

    À Abou Samra, il y a eu aussi, voici quelques jours, une démonstration de force commune entre les combattants armés du « Mouvement de l’unification islamique » (opposition sunnite radicale libanaise) et d’autres aux ordres d’un responsable du Courant du futur (le parti de Saad Hariri, chef de l’opposition libanaise pro-occidentale et anti-syrienne).

    La provocation a dégénéré en tirs, suivi d’un déploiement de près de trente éléments de l’ASL, dans la rue, à côté des hommes armés du Courant du Futur.

    Le fait que ces derniers soient armés ostensiblement a nécessité l’intervention de la commission des habitants et des quartiers de la zone qui leur ont recommandé de ne plus procéder à ce genre de parade armée.

    Toujours à Abou Samra, l’hôpital d’Az-Zahra s’est transformé en une véritable base de l’ Armée syrienne libre », dont la garde est assurée par trois jeunes qui portent des armes.

    Au nord, le secteur Tabbana–Jebel Mohsine est le point le plus chaud. Il ne peut y avoir de tension au Nord-Liban, sans que ce secteur n’y soit impliqué, ne serait-ce que par une mini-bataille. Un front que les Syriens, opposants et partisans du pouvoir, décrivent comme une copie miniature de la grande bataille qui se livre en Syrie.

    Et à titre de comparaison, les pro-Bachar assimilent le village de Jebel Mohsine, contrôlé par Rifaat Aid, à la Syrie du président Bachar Al Assad ! En face, se trouve Tabbana qui abrite de nombreux groupes armés (pro-opposition), dont la majorité sont des extrémistes islamistes.

    Là encore, les deux parties comparent ce dernier secteur aux zones tenues en Syrie par l’opposition armée,  un secteur où se déploient des dizaines de groupes armés, qui manquent de chef, tandis que les islamistes armés y prédominent sur les autres tendances.


    Sur ce front Tabbana-Jebel Mohsine, en particulier lors des derniers évènements, près de 50 hommes armés, masqués, ayant l’accent syrien, ont participé aux affrntements.

    L’axe cette fois a été Bakar. Et selon les informations particulières d’Al Akhbar, des sources de l’opposition ont dit que cette cinquantaine de militants étaient venus tout spécialement pour « donner une correction » aux alaouites.

    Les mêmes sources ont souligné que ces militants sunnites considèrent que « le soutien à leurs frères de Tabbana contre ceux de Jebel Mohsine.est un devoir religieux ».

    A Tripoli, également, des dirigeants de l’ASL se déplacent sous la protection de personnalités politiques libanaises, pour contrôler le transfert des blessés (venus de Syrie) et des armes.

    Ces ASL portent sur eux leurs armes, sous prétexte qu’ils ont été exposés, plus d’une fois, à des tentatives d’enlèvements par des groupes alliés au Hezbollah.

    Les mêmes informations soulignent qu’un haut dirigeant dans les forces de l’opposition syrienne, de tendance islamiste extrémiste, a été vu, à maintes reprises, se déplaçant dans une voiture immatriculée du Parlement libanais, escorté d’une voiture transportant des hommes armés.

    Les faits sur le terrain confirment bien que le Nord Liban s’est transformé en une base arrière pour les combattants de l’opposition syrienne. Tout ce qui précède a été confirmé par les enquêtes effectuées par les services de sécurité, mais, malgré cela, aucun des chefs de ces services n’ose arrêter un dirigeant de l’opposition syrienne armée, parce qu’ils manquent tous de couverture politique.

    Article d’Al Akhbar, du 21 mai 2012, traduit pour Infosyrie :
    http://www.al-akhbar.com/node/89315


    http://www.infosyrie.fr/


     

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