• Libye : humanisme suspect

    Subite générosité. Ainsi pourrait-on qualifier la promptitude avec laquelle les forces de la coalition (France, Grande Bretagne, USA) ont engagé les frappes aériennes contre la Libye. Rien que la position d’un pays comme la France face à l’islam, ou la « virginité » politique des leaders du Conseil national de transition (CNT), cela ne pourrait que donner à réfléchir...

    La coalition internationale ira plus loin comme elle l’a avoué : abattre le régime du despote de la Libye, le colonel Mouammar Khadafi. C’est l’homme fort ( ?) de la Libye qui lui en a fourni le prétexte inespéré. Surpris par la tourmente partie de la Tunisie, Khadafi a perdu la tête. Ses déclarations fracassantes ont ému plus d’un. Il promet de réduire les insurgés en mouches, annonce une mer de sang. Joignant l’acte à la parole, il déploie son armada impressionnante, pour la plupart récemment payée en France, sur une rébellion quasiment nue. Son aviation est mise en contribution. Et de jour en jour, les villes naguère contrôlées par une rébellion fumeuse tombent les unes après les autres.

    La perspective d’une reprise en mains de la situation par Khadafi a dû ébranler le chef de l’État français, Nicolas Sarkozy. Lui qui a voulu rattraper ses erreurs avec la Tunisie. En un temps record, il parvient à rallier à sa cause les Khadafi & Nicolas Sarkozydiplomaties américaine et britannique. Une coalition menée par les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne, lance des opérations militaires en vertu de la résolution 1973 votée le jeudi 17 mars dernier à l’ONU, afin de tenter de stopper la répression de la révolte contre le régime de Kaddafi, qui a débuté mi-février. En dépit des dénégations, la coalition officiellement décidée à faire respecter la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU propose la mise en place d’une zone d’exclusion en Libye. Les forces coalisées veulent accélérer la déchéance du dictateur de Tripoli. Parce qu’il est évident qu’elle travaille à un renversement du rapport des forces sur le terrain.

    Une nouvelle donne qui ouvrirait à la rébellion les portes du pouvoir. Ce rétablissement du rapport des forces se traduit par une reprise de terrain par les insurgés. Et une débâcle des forces pro-Khadafi. La pertinence de la nécessité de voler au secours de civils condamnés fatalement à une mort certaine et cruelle n’est pas en cause. C’est même un devoir impératif pour la communauté internationale. Mais, la promptitude avec la laquelle cette même communauté internationale s’est décidée à secourir des vies civiles laisse perplexe. D’abord l’alternative à la dictature instaurée par le colonel Khadafi représentée par l’opposition démocratique est loin d’en être une. Les dirigeants du Conseil national de transition (CNT) qui dirige la rébellion sont issus des rangs du pouvoir de Khadafi : les ministres, ambassadeurs, hauts-gradés de l’armée sont loin d’être des démocrates. Ils ont longtemps bénéficié des délices du pouvoir.

    Et ils ne se sont jamais levés pour dénoncer les injustices, ou le long séjour au pouvoir du « Guide » libyen. Ensuite, il n’est un secret pour personne que Kadhafi sera, en cas de triomphe, d’un esprit de vengeance mortelle pour des États comme la France et l’Angleterre. Il a d’ailleurs commencé en accusant Sarkozy d’avoir puisé dans les dinars libyens pour financer sa campagne pour la Présidentielle française de 2007. Autre chose qui donne à réfléchir sur la rapide générosité des occidentaux, c’est leur position d’hostilité vis-à-vis de l’Islam. La France mène depuis plus de vingt ans un combat forcené contre les minorités visibles. Le voile est un casse-tête pour la droite française au pouvoir, et qui a renforcé le dispositif de répression contre les porteurs de voile dans les lieux publics comme l’école. Des communes laissent les musulmans sacrifier à la prière du vendredi dans la rue. En Suisse, le minaret a été interdit.

    Autant d’actes qui conduisent à s’interroger sur le sens exact d’un tel déferlement de violence en Libye. « Cette intervention est faite uniquement dans le but de servir les intérêts à la fois économiques et de politique intérieure de ces chefs de guerre.

    Le pétrole et le gaz libyens sentent fort », a commenté l’historienne Adame Ba Konaré, ex-Première dame du Mali. Elle fait partie d’un groupe d’intellectuels de l’Algérie, de l’Ouganda et des Comores, entre autres, à dénoncer dans une lettre ouverte intitulée « Cri aux Africains » ce qu’ils appellent le « Carnaval macabre » qui se déroule en Libye.

    Par Hamidou Sagna / http://afiavi.free.fr/e_magazine/

    « Joyeuses Pâques KadhafiLes Hommes derrière Barack Obama »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    Tags Tags : , , ,