• Syrie-Bachar au Sunday Times : « La Syrie ne s’inclinera pas »

    Pendant la crise, Bachar al-Assad continue d’accorder des entretiens à la presse étrangère et même occidentale.

    Ainsi celui publié dimanche 20 novembre à l’hebdomadaire britannique The Sunday Times, dans lequel le chef de l’Etat répond aux diverses injonctions (Union européenne, Turquie) ou « invitations » (Jordanie) d’avoir à quitter immédiatement le pouvoir : La Syrie ne « s’inclinera pas » devant les diktats des Etats-Unis, de l’Union européenne et de la Ligue arabe.

    Et pour ce qui est de la crise et des violences, dont la Ligue exige, sans y croire, la fin immédiate, le président syrien ne fait pas non plus dans les circonlocutions : la lutte contre les fauteurs de troubles et activistes et autres vrais-faux déserteurs se poursuivra sans faiblesse.

    Bachar al-Assad dit éprouver « de la douleur et de la peine » devant le sang versé en Syrie mais il rappelle aux journalistes britanniques qu’un millier de policiers et soldats sont déjà tombés face aux bandes armées et que l’éradication de celles-ci est la condition première d’un retour à la paix civile en Syrie.

    Le président syrien a prévenu qu’une intervention militaire occidentale contre son pays provoquerait un « séisme » dans toute la région. Lui-même s’est dit « tout à fait » prêt à combattre et à mourir les armes à la main.

    Toutefois, Bachar ne semble pas croire à un tel scénario-catastrophe :

    « S’ils (les Occidentaux transatlantiques, turcs ou arabes) sont logiques, ils ne peuvent pas intervenir parce que les répercussions seraient terribles. Une intervention militaire déstabiliserait la région tout entière et tous les pays seraient affectés » a-t-il estimé.

    Sur ce dernier point au moins, le président syrien est en accord avec tous les observateurs, analystes et géostratèges d’Orient et d’Occident. Reste que cet entretien accordé au Sunday Times est un signe, envoyé à tous, amis et ennemis, de la résolution du gouvernement syrien : Bachar n’a pas l’intention de jouer les Ben Ali, il estime avoir une légitimité politique et populaire.

    Et, de fait, qu’on le soutienne ou qu’on le critique, le président syrien est objectivement devenu le vivant symbole d’une résistance de fait, à l’ingérence et au Nouvel Ordre international à direction euro-américaine.

    Un signe fort envoyé à la Turquie

    Cette fermeté, cette résolution, le régime syrien vient d’ailleurs d’en donner un signe tangible : vendredi 18 novembre, a commencé un déploiement militaire de grande ampleur sur la frontière turque, dans le but de créer une « zone tampon » de 20 kilomètres de profondeur, à laquelle personne n’accèderait sans autorisation.

    Le but de l’opération, baptisée « Briser les illusions », est évidemment d’empêcher les infiltrations d’armes et de combattants depuis la Turquie, dont le gouvernement, à défaut de déclencher une guerre franche, fait tout ce qu’il peut pour aider logistiquement les bandes armées. A cet égard, Bachar al-Assad a insisté, dans son entretien au Sunday Times, sur la nécessité de rendre les frontières du pays étanches aux trafics d’armes.

    Et il ne s’agit pas là de fantasmes propagandistes syriens : dans son éditorial (numéro du 17 au 23 novembre), le chroniqueur et responsable du service étranger de l’hedbo atlantiste-sarkozyste Valeurs Actuelles, Frédéric Pons (dont nous avons déjà eu à parler ici, voir notre article « Le festival anti-syrien et atlantiste de Frédéric Pons« , mis en ligne le 8 novembre), Frédéric Pons donc, ennemi déclaré et malhonnête du régime Assad, l’écrit sans plus de précaution : « Sur le terrain, les services turcs semblent même laisser passer vers la Syrie des matériels sensibles (outils informatiques, armes) destinés  à aider les insurgés syriens. »

    Comme on voit, les déstabilisateurs ne se cachent même plus. 


    Sans doute parce que le temps presse pour eux. La présence renforcée de navires russes à Tartous est un signe supplémentaire envoyé à l’OTAN de ce qu’une opération libyenne bis est impossible.

    La seule chance des ennemis géopolitiques d’Assad, nous l’avons déjà écrit ici, reste une aggravation de la situation intérieure, avec une insurrection populaire digne de ce nom. Et seuls les groupes activistes, en multipliant leurs actions, peuvent donner l’illusion d’un tel mouvement, seule condition qui pourrait légitimer une intervention extérieure.

    Ce n’est pas pour rien que les responsables américains et européens évoquent depuis quelques jours le danger d’une « guerre civile » en Syrie.

    Parce que ce « danger », cette « crainte », c’est en fait leur unique espoir de faire vraiment basculer les choses dans leur sens.

    Tout le reste n’étant, de leur part, que gesticulations médiatico-diplomatiques. Plus la Ligue arabe ou l’Union européenne haussent le ton, plus se trahit leur impuissance. La Syrie ne se laisse pas faire. Et ses alliés non plus.

    Par Louis Denghien,

    ______________________

    « La Russie et l’Iran jettent les bases d’une nouvelle donne énergétique mondiale-2006 Syrie-La Syrie pro-syrienne présente partout »
    Partager via Gmail Delicious Technorati Yahoo! Google Bookmarks Blogmarks

    Tags Tags : , , , ,