• SYRIE - Ca intéresse au moins les Syriens : les premiers résultats des premières législatives pluralistes

    SYRIE - Ca intéresse au moins les Syriens : les premiers résultats des premières législatives pluralistes

    Les autorités  syriennes ont donné quelques premières indications sur les résultats des législatives du 7 mai.

    D’abord la participation s’établirait à 58%, un chiffre à rapprocher de celui annoncé pour le référendum de février sur le changement de constitution : 57,4%.

    Un chiffre plausible compte tenu du climat de violence et de peur prévalant dans un certain nombre de régions et centres urbains du pays. Un chiffre qui n’a en tous cas rien à voir avec les taux « soviétiques » de 90 et quelque pour cent annoncés lors des consultations électorales au temps d’Hafez al Assad, en Syrie, et dans la plupart des pays arabes.

    Pour ce qui est des résultats politiques on en connait déjà les tendances :

    C’est le bloc « Unité nationale », qui soutient le président actuel Bachar al-Assad, qui a gagné aux élections parlementaires, rapporte le quotidien syrien Al Watan.

    En fait, le Baas a présenté partout des listes d’ »union nationale » regroupant ses membres et ceux de partis naguère associés à lui au sein du Front national progressiste :

    - à Damas, part exemple, la liste Unité nationale comprenait 15 membres du Baas, un représentant de chacune des deux factions du mouvement communiste syrien, un représentant du PSNS, et un représentant du Parti unioniste socialiste démocratique.

    - Formation la plus nombreuse, la mieux organisée et pro-gouvernementale, l’Unité nationale n’a pas eu de mal à rafler la mise, en incarnant une sorte de « parti de la peur » (une peur certes justifiée par l’actualité) en même temps que représentant la force soutenant officiellement Bachar al-Assad, seule vraie personnalité, pour l’heure, de la nouvelle vie politique syrienne.

    Ensemble avec les députés du bloc pro-gouvernemental, un groupe de militants indépendants a également réussi à accéder à l’Assemblée du Peuple.

    Les candidats de la « Coalition pour le changement pacifique », sorte de front uni de l’ opposition légaliste, regroupant des communistes, n’a pas réussi à intégrer le parlement.

    Mais ils ont pu se présenter, sur des bases ouvertement critiques à Bachar et à son gouvernement.

    Quant aux « indépendants », on verra bientôt quel est le degré global de leur indépendance vis-à-vis du pouvoir (pour un peu plus de détails, voire notre article « Et si on parlait un peu des législatives… », mis en ligne le 2 mai).

    Un panneau du front populaire de changement et de Libération, animé par des communistes et des membres du PSNS, et dont une délégation a été reçue à Moscou.

    Il n’est pas inutile de rappeler une spécificité du collège électoral syrien :

    -en gros un tiers des sièges relève de la catégorie « travailleurs, paysans et revenus modestes« , et deux-tiers de la catégorie « autres catégories socio-professionnelles« . et cette dichotomie se retrouve évidemment dans chacune des 15 circonscriptions électorales du pays.

    A titre d’exemple, celle de Damas ville compte 29 sièges à pourvoir – sur 250 pour l’ensemble de la Syrie.

    Les médias et gouvernements occidentaux semblent pour l’heure traiter par le mépris ces élections, fidèles en cela à leur ligne qui les a fait décréter de « caricature » ou de « plaisanterie » ces législatives.

    Des législatives pourtant, quoi qu’on en dise, historiques et de type nouveau, puisqu’acceptant officiellement la possibilité de candidatures d’opposition.

    Bien sûr, il ne s’agit pas d’une opposition comme la privilégient les chancelleries occidentales :

    -le CNS, cache-barbe des Frères musulmans, par son radicalisme et son inféodation à l’étranger – et même à l’ennemi – s’est exclu de lui-même de l’affaire.

    Bien sûr, on peut regretter que des opposants résolus à Bachar, mais non dénués d’une fibre patriotique et d’un embryon de lucidité sur le CNS, l’ASL et les monarchies du Golfe, aient refusé la main tendue : nous pensons à bien sûr à des Haytham Manaa, des Louay Hussein, voire des Michel Kilo.

    Leur participation auraient certes donné une crédibilité plus évidente à la consultation, mais si « tyrannique » soit-il, Bachar al-Assad ne peut obliger ces personnalités et ces partis à participer aux élections !

    Enfin il faut rappeler que 7 195 candidats se disputaient les 250 sièges disponibles :

    le régime n’aurait pas eu besoin de susciter autant de candidatures pour donner l’impression du pluralisme, et il est évident que parmi ces milliers de postulants beaucoup étaient sinon des opposants au gouvernement, en tous cas des indépendants non affilés au Baas ou aux partis historiques et institutionnels.

    Et puis 58% des 15 millions de Syriens inscrits sur les listes électorales, ça fait tout de même plus de 8 millions de gens qui ont pris le risque – car, dans le contexte qu’on sait, se déplacer dans un bureau de vote était objectivement risqué – d’aller voter.

    Et combien parmi ceux qui se sont abstenus l’ont fait justement par crainte d’une attaque d’hommes armés, ou de représailles post-consultation ?

    Un dernier point :

    - est-ce bien aux analystes et politiciens d’un pays qui n’a accordé le droit de vote au femme qu’en 1945, soit 75 ans après la proclamation de la IIIe République, dont le dernier président a refusé de reconnaître les résultats d’un référendum sur le projet de constitution européenne pour le faire avaliser, avec l’amicale complicité de l’opposition de gauche, par le Parlement, oui est-ce bien à ce pays – le nôtre – de donner des leçons de démocratie et d’exiger des mutations politiques immédiates dans un pays assailli par le terrorisme ?


    http://french.ruvr.ru/2012_05_09/Syrie-opposition/


     
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