• Syrie-La Russie hausse – un peu plus – le ton, et son niveau d’implication militaire

     Ce ne sont plus les points sur les « i », c’est presque le poing sur la table : mardi 29 novembre, Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, a envoyé un nouvel avertissement aux puissances occidentales, pointant leur maximalisme sur le dossier syrien, en le comparant à l’attitude pour le moins « patiente » qui fut la leur à propos de la crise yéménite.

    Le porte-avions Amiral Kouznetsov : une croisière très (géo)politique

    « Le plus important maintenant, a dit Lavrov, c‘est de cesser d’agir avec des ultimatums et d’oeuvrer pour ramener la situation sur le terrain politique. »

    Un peu comme au Yémen, où, rappelle le responsable russe, « les négociations sur un plan de règlement pacifique proposé par le Conseil de coopération des Etats du Golfe persique ont duré des mois« .

    Autrement dit, les Euro-arabo-américains, face à une situation aussi sanglante, et beaucoup plus tendue politiquement, ont laissé beaucoup de temps au président yéménite Saleh, ET à ses opposants, pour parvenir enfin à un accord.

    Et Lavrov a beau jeu de rappeler que c’est « en exerçant une pression identique sur toutes les partenaires du processus (que) la communauté internationale a obtenu que ce plan (de paix) soit signé. » Rien de tel, on le sait, en Syrie, où les Occidentaux ont choisi un camp contre l’autre et ont exigé tout et tout de suite de la direction syrienne.

    Bref, martèle Lavrov, une approche « à la yéménite » du dossier syrien est nécessaire, si on veut vraiment que les choses s’arrangent, « car les ultimatums auxquels ont recours quelques Etats, en particulier la Ligue arabe, ne résolvent pas les problèmes« .

    Oui, mais on sait bien, et la direction russe la première, que le camp occidental ne cherche pas en Syrie à résoudre les problèmes, mais plutôt à les exacerber pour obtenir un changement politique.

    Nouveaux arguments (de poids) russes en Méditerranée

    Et c’est bien parce qu’ils sont pleinement conscients de cette duplicité euro-arabo-américaine, que les Russes pratiquent, à leur tour, et sur un rythme maîtrisé, une escalade militaro-diplomatique dans la région : outre l’entrée récente de six navires de guerres russes à Tartous (voir notre article « A confirmer : Moscou envoie des navires de guerre au large de la Syrie », mis en ligne le 18 novembre), on signale  l’arrivée imminente du porte-avions Amiral Kouznetsov en Méditerranée.

    Le bâtiment, qui transporte notamment des avions de chasse shukoï SU-33 et des hélicoptères KA27, est en quelque sorte le « navire amiral » d’une flotille de guerre comprenant les navire de lutte anti-sous-marine  Amiral Chabanenko et Smetliviy dotés de systèmes de missiles sol-air S300, et le croiseur, lui aussi lance-missiles, Moskva. Seule sa taille empêchera l’Amiral Kouznetsov de mouiller dans le port de Tartous aux côtés des autres unités navales russes.

     

    Mais il restera au large avec son arsenal : douze lanceurs de missiles anti-navire « Granit« , un système de missiles anti-aériens « Dagger« , plus encore des lanceurs de missiles RBU12000. Osons une formule un rien triviale : la Russie « met le paquet » et envoie un nouveau signe fort, un peu plus fort qu’auparavant, à la coalition anti-syrienne, celle-ci n’étant pas arrivée à résipiscence, et ne comprenant que les rapports de force.

     

    En outre, Sergueï Lavrov a confirmé que son pays n’entendait pas participer à un embargo sur les livraisons d’armes à Damas. S’appuyant sur le précédent libyen, qui a vu l’OTAN patronner cyniquement un sanglant coup d’Etat dégénérant en guerre civile, Sergueï Lavrov dit clairement que Moscou n’accepte plus les ukases de Washington et de Bruxelles : « Je qualifierais de malhonnêtes les propositions que nous entendons parfois sur l’imposition d’un embargo total sur les livraisons d’armes à la Russie. »

     

    Bref, des décisions et des déclarations russes qui rendent dérisoires les énièmes manoeuvres et postures des Euro-américains, comme cette déclaration, lundi 28 novembre, des ambassadeurs américain et allemand à l’ONU selon laquelle « il était temps »  de plancher sur un nouveau projet de résolution condamnant Damas devant le Conseil de sécurité. Mais il est dangereux de réveiller des somnanbules, et vain d’éclairer des autistes.

    L'Amiral Chabanenko, un autre signe extérieur de fermeté russe...

    http://www.infosyrie.fr/

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