• SYRIE - Les débuts – forcément – difficiles de la mission de l’ONU

    SYRIE - Les débuts – forcément – difficiles de la mission de l’ONU

    Premiers pas des premiers observateurs, à Damas le 18 avril

    Premiers pas des premiers observateurs, à Damas le 18 avril

    Ban Ki-moon vient de demander une « rallonge d’effectifs » au Conseil de sécurité : il voudrait désormais 300 – et non 250 – observateurs en Syrie, lesquels y effectueraient une « période initiale de trois mois ».

    Dans sa lettre, le secrétaire général de l’ONU explique aux 15 représentants des puissances qu’il y a en Syrie « une chance de progrès« , en dépit d’une trêve « clairement incomplète« .

    Cet optimisme mesuré de Ban Ki-moon tranche avec l’ »inquiétude » qu’il exprimait un peu plus tôt. Il a d’ailleurs estimé que les deux camps en présence aspiraient à mettre fin « à la violence sous toutes ses formes« .

    La mission au péril des provocations

    On sait que la mission comptera un certain nombre de soldats russes, ce qui est évidemment de nature à rassurer Damas sur l’objectivité de la mission onusienne.

    Mais, ce jeudi 19 avril, la Chine a fait savoir qu’elle étudiait « sérieusement » la possibilité pour elle d’envoyer des observateurs en Syrie. Une déclaration qui intervient dans le sillage de la visite à Pékin du ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem.

    Sur le terrain, les six premiers observateurs emmenés par le colonel marocain Ahmed Himmiche ont été assez vite confrontés aux difficultés de leur mission.

    Après des visites sans problèmes à Deraa (mardi) et à Damas (mercredi), les bérets bleus, qui circulaient à bord de deux 4×4, ont été pris à partie, à Erbine (banlieue nord-est de Damas), par quelques centaines de manifestants d’opposition qui les ont injuriés et encerclés, les accusant en substance d’être des faire-valoir de Bachar al-Assad qui selon eux « extermineraient » son peuple.

    Dans la vidéo diffusée sur les médias français, la manifestation est soudain dispersée par des tirs, attribués aux forces de l’ordre :

    - mais les pratiques de manipulation de certains milieux opposants étant ce qu’elles sont depuis un an, on ne peut exclure une mise en scène.

    Quoi qu’il en soit, les tirs ne semblent pas avoir fait de victimes – même si l’OSDH affirme que huit ont été blessés -, et les observateurs ont promptement évacué les lieux.

    La question se pose de savoir si chaque déplacement des observateurs sera le prétexte à une manifestation « spontanée » des opposants. C’est l’intérêt tactique médiatique de ceux-ci, pour faire croire aux bérets bleus et, au-delà, à l’opinion internationale que chaque ville de Syrie est un Bab Amr potentiel.

    En tous cas les slogans entendus dans la bouche des manifestants indiquent assez que ces opposants ne sont absolument pas dans une logique de dialogue et de réconciliation nationale.

    On peut aussi penser que, comme naguère les observateurs de la Ligue arabe, ceux de l’ONU rencontreront sur leur chemin nombre de partisans du pouvoir, qui ont beaucoup à dire sur les pratiques des hommes au drapeau vert-blanc-noir.

    A ce propos, on peut se demander qui fabrique et fournit en si grand nombre ces drapeaux très « professionnels », dont nombre d’entre aux arborent la frange dorée des pavillons de cérémonie : est-ce un artisanat surgi d’un atelier clandestin, ou une aide – symbolique – de quelque puissant sponsor de l’opposition ?

    A part ça, la nécessité pour le gouvernement et l’armée d’assurer une sécurité minimum aux bérets bleus est évidemment lourde de menaces, de risques d’incidents et de provocations. Mais la partie est engagée et il faut la jouer autant qu’il est possible.

    Un niveau de violence ponctuellement en baisse

    Les observateurs n’ont pas encore poussé jusqu’à Homs, où des tirs de mortiers, voire de chars, répondent, de façon plus ponctuelle que « pilonnante », aux tirs de groupes d’insurgés, encore actifs dans certains immeubles de certains quartiers.

    Mais tout cela n’a rien à voir, ni en étendue ni en intensité, avec ce qui a pu se passer, au début de l’année, à Bab Amr : pour preuve, le bilan de l’OSDH, toujours suspect d’exagération, et qui pour la journée de mercredi – et pour l’ensemble du pays – donne le bilan de 14 mort, dont sept « civils« , tombés selon l’officine à Idleb, Homs et Deraa.

    Ce qui laisse supposer que les « violents bombardements » et les « pilonnages » des quartiers rebelles de Homs ont peut-être tué un ou deux civils : si l’on était cynique, on serait tenté de dire que l’armée syrienne manque d’efficacité !

    La réalité, c’est que, selon une méthode inaugurée lors de la réduction de Bab Amr, l’armée procède avec précautions, peu soucieuse qu’elle est d’accréditer la légende urbaine d’une nouvelle « stalingradisation » de Homs,  véhiculée par les opposants.

    Dans un contexte de grande ville et d’urbanisme dense, les soldats sont contraints à bien cerner leurs objectifs, dans le souci d’éviter au macximum des bavures et des victimes collatérales aussitôt exploités par les radicaux et leurs amis occidentaux.

    Tout cela prend du temps – et fait du bruit – mais on ne peut vraiment plus dire que les bandes rebelles sont à Homs comme un poisson dans l’eau, pour reprendre la formule de Mao Dzedong.

    Pour autant, à Homs et ailleurs, elles continuent de tuer des soldats : ce jeudi 19 avril oint démarré à l’hôpital de Damas-Tichrine les obsèques de trois d’entre eux, tombés ans doute la veille dans la banlieue de la capitale.

    Un lieutenant-colonel, un adjudant-chef et un adjudant ont ainsi allongé la liste des soldats et policiers tombés en service depuis l’aube du 12 avril, c’est-à-dire depuis la proclamation par le gouvernement et l’état-major syriens de l’arrêt de leurs opérations.

    Selon nos calculs, qui se basent sur les estimations de l’agence syrienne Sana, plus fiables que celles de l’OSDH au moins en ce qui concerne les pertes militaires, 13 soldats et policiers ont été tué depuis cette date, et de 30 à 40 ont été blessés.

    Les bandes armées ont également tué ou blessé au moins une vingtaine de civils.

    C’est un niveau de violence objectivement moindre que celui qui a prévalu dans les semaines précédentes. Mais rien n’indique, malheureusement, que cette tendance va se maintenir.

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