• SYRIE - Témoignage : les malheurs de la brigade ASL-Farouq

    SYRIE - Témoignage : les malheurs de la brigade ASL-Farouq

    Un ASL photographié à al-Qusayr fin janvier

    C’est une sorte d’instantané de guerre – et de défaite – que nous livre ici le reporter David Enders, qui se trouvait ces derniers jours dans la ville d’al-Qusayr, à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Homs et à moins d’une dizaine de la frontière libanaise, aux côté des débris de la brigade ASL al-Farouq, l’une des plus médiatisées de ces bandes armées, qui tenait notamment Bab Amr jusquà la fin février.

    David Enders, qui travaille pour l’important groupe de presse américain McClatchy, a recueilli les impressions et les déclaration d’un de ses chefs, rescapé de Bab Amr, alors que ce qui restait de ses troupes s’efforçait de résister à l’avance des troupes régulières vers la frontière libanaise. L’article a été mis en ligne sur le site de McClatchy le 18 avril.

    Anglo-saxon, Enders a tendance à pencher du côté des opposants et à relayer leurs thèses, notamment en ce qui concerne la protestation au départ pacifique, et contrainte de muer en rébellion armée du fait de la répression violente du régime.

    Enders parle ainsi de trois mois de protestations sans violences aucune de la part des opposants, alors qu’il est attesté que des policiers ont été tué dès avril, et qu’un grand massacre de membres de forces de l’ordre a eu lieu début juin à Jisr al-Choughour.

    Pour le reste, qui n’est pas rien, le reporter donne un intéressant aperçu de la situation prévalant à la mi-avril à al-Kusayr, position de repli des rebelles rescapés de Bab Amr, à proximité de la frontière libanaise et à son tour dans le collimateur de l’offensive de l’armée syrienne.

    On apprend quelques éléments intéressants : à al-Qusayr, les rebelles ne contrôleraient qu’une partie de la ville, et ce qui est vrai pour celle-ci doit l’être pour pas mal d’autres localités syriennes soi disant (par l’OSDH) « contrôlées » par l’ASL.

    On notera d’ailleurs que cette ville n’a guère été mentionnée par les « dépêches » de l’OSDH ces derniers jours. En ce qui concerne les effectifs affrontant les troupes régulières, le reporter parle de « plusieurs douzaines ».

    Mais c’est ce que raconte le chef ASL Bukiyah sur Bab Amr et Homs qui est le plus intéressant : il dit que la « brigade » al-Farouq a commencé à s’organiser en août, ce qui correspond à ce que l’on sait des balbutiements de l’ASL. Bukiyah ne dit rien des ressources en armes, munitions et matériels de communication et de soins dont disposaient les rebelles, et de l’origine de celles-ci.

    Le chef rebelle confirme qu’il y a encore des activistes au combat à Homs, mais il se montre pessimiste sur leur avenir et lu et ses amis parlent d’un retrait définitif prochain de la ville. A noter que, selon lui, le chef de la brigade Farouq, Abdel Razzaq Tlass, dont nous avions annoncé la mort sur la foi d’un article d’un site arabe, serait toujours vivant et encore caché à Homs.

    Dont acte ? Une vidéo toute récente montre un « officier » ASL qui semble bien corresponde au signalement de Tlass escorter les observateurs onusiens dans un quartier de Homs, et notre ami Mohamed a mis une photo de cette « visite accompagnée » en lien …

    Bukayah affirme aussi que 2 000 combattants ASL ont été tués entre août et mars à Homs.

    C’est peut-être exagéré, mais c’est quand même un ordre de grandeur :

    si l’on ajoute au moins autant de blessés, et un certain nombre de capturés, on réalise que Homs, en tous cas le secteur de Bab Amr – avec des quartiers avoisinants comme al Tawzee et al Inshaat -  a dû abriter des milliers d’hommes armés pendant des mois, et que s’est joué là un Stalingrad en réduction, le seul qu’ait connu heureusement à ce jour la Syirie depuis le début de la crise.

    On retiendra de ce reportage que la position de l’ASL, et singulièrement de sa « brigade d’élite », n’est pas bonne  dans ce secteur du « front » : « C’est peut-être la fn » va jusquà confier Bukayah. Puisse-t-il dire vrai !

     

    Un char récupéré par les rebelles à al-Qusayr, fin février

    La brigade rebelle al-Farouq s’accroche à al-Qusayr, dernier point d’appui avant la frontière libanaise

    (traduit de l’anglais par nos soins)

    « Al-Qusayr (Syrie)  – Alors que les représentants de plus de 70 pays désignés comme les « Amis de la Syrie » se réunissent à Paris  jeudi pour discuter de l’aide à l’opposition syrienne, certains de ses combattants sur le terrain, ici à al-Kusayr, se demandent s’il n »est pas déjà trop tard.

    « C’est peut-être la fin » dit Ammar al Bukiyah, un des chefs de la brigade al-Farouq, un des des plus importants parmi les groupes opérant sous le paravent de l’Armée syrienne libre, la structure armée, et plus ou moins organisée, de l’opposition à Bachar al-Assad.

    Tandis qu’al Bukiyak parle, des obus et des roquettes s’abattent aux alentours, brisant les vitres des fenêtres de la maison transformée un poste militaire improvisé.

    Beaucoup des combattants, dans cette ville aujourd’hui pratiquement désertée et qui abritait naguère 35 000 habitants, viennent de la cité voisine de Homs, troisième ville de Syrie, qu’ils ont quittée à la fin du mois de février, abandonnant leurs positions du quartier de Bab Amr après des semaine de pilonnage intense.

    Depuis lors, les rebelles ont pris le contrôle de la moitié nord d’al-Qusayr, une position qui est apparue bien précaire alors que l »armée syrienne a poursuivi son offensive générale contre les rebelles à travers tout le pays. Jeudi, ceux-ci ont combattu les militaires pour la deuxième journée consécutive, les troupes et les tanks d’Assad s’efforçant de pénétrer par l’est dans le secteur contrôlé par les rebelles.

    Au début de mars, les rebelles présent dans la ville avaient dit qu’ils quitteraient al-Kusayr, afin que la ville ne subisse pas le même sort de Bab Amr, en grande partie détruit par les obus avant que les troupes régulières n’y entrent.

    Mais les activistes n’ayant plus nulle part où aller, les choses ont changé. « Nous combattrons jusqu’à la mort » nous a dit Bukiyah, un peintre en bâtiment de 35 ans en survêtement noir, alors qu’il aidait à diriger un combat commencé à 8 heures du matin et qui se terminera en début d’après-midi.

    Les rebelles prétendront avoir détruit deux blindés et un transport de troupes blindé, et tué plus d’une douzaine de soldats syriens pendant ces deux jours de combats. Toujours d’après eux, le conducteur d’un blindé a déserté durant ces combats.

    La bataille à al-Qusayr montre toute la complexité du conflit qui agite à présent la Syrie.

    Alors que le mouvement anti-Assad avait commencé par des manifestations pacifiques contre un pouvoir répressif, il s’est vite transformé, l’année dernière, en une lutte entre les rebelles armés et une armée syrienne bien mieux équipée.

    Aucun côté n’entend céder un pouce de terrain à l’autre, après le cessez-le-feu négocié par l’ONU et entré en vigueur voici une semaine.

    A Paris, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a demandé à ce que la Syrie retire ses forces des centres urbains, déclarant que le maintien de soldats et de blindés dans les zones habitées violait les termes du cessez-le-feu, sans toutefois aller jusqu’à dire que la trêve avait échoué, et en appelant le Conseil de sécurité à approuver le déploiement de 300 observateurs afin de déterminer quel camp respectait vraiment le cessez-le-feu.

    Il reste quelques civils à al-Qusayr et dans les villages avoisinants. Ceux qui sont encore là semblent s’être habitués au bruit des rafales, des obus et des roquettes, se déplaçant tranquillement dans un secteur devenu l’abri de douzaines de combattants.

    Alors que le soir tombe, les rebelles se préparent à une troisième journée d’affrontements. Bukiyah utilise le réseau Skype pour communiquer avec Abdel Rizaq Tlass, le chef de la brigade al-Farouq, et lui demander des renforts et des armes. Tlass est resté à Homs, dont il est de plus en plus évident qu’elle sera abandonnée par l »ASL au terme de deux mois et demi de violents bombardements.

    « Homs est détruite » nous dit Bukiyah. Les combattants d’al-Qusayr venus de Homs ont espéré y revenir au début de cette semaine. Mais l’armée s’est attaquée à eux à al-Qusayr, et a multiplié les points de contrôle entre les deux villes, et un retour à Homs est devenu improbable.

    Et même les rebelles d’al-Qusayr parlent à présent de l’évacuation définitive de Homs par les derniers groupes armés.

    L’histoire personnelle de Bukiyah épouse celle du soulèvement contre le gouvernement, qui a débuté par trois mois de démonstrations pacifiques avant de devenir une rébellion armée en riposte à la violente répression du régime qui a fait de centaines de morts et conduit des milliers de gens en prison. « J’ai commencé par être un manifestant pacifique » affirme-t-il. « Mais si nous ne nous battons pas, Bachar nous tuera tous ».

    Le conflit s’intensifiant, les pertes ont augmenté. L’OSDH, basé à Londres, qui dispose des bilans les plus détaillés, affirme que 10 000 personnes sont mortes ; le gouvernement syrien dit lui que 3 000 soldats et policiers ont péri dans ce conflit.

    En août, Bukiyah a aidé à mettre sur pied la section de la brigade Farouq à Bab Amr, quartier dont se sont emparé les rebelles, qui a ensuite gagné un certain prestige pour avoir résisté à un mois de sévères bombardements avant de se retrouver à court de munitions et de se retirer de la ville fin février.

    « Bab Amr a été une victoire » dit Bukiyah. « Ils n’ont pu entrer qu’après un mois de bombardements« .

    Bukiyah dit encore que 2 000 combattants de la brigade Farouq ont été tués à Homs depuis le mois d’août.

    L’armée syrienne a également pilonné jeudi la localité de Jusey, entre al-Qusayr et la frontière libanaise, accentuant encore la pression sur les zones toujours aux mains des rebelles. Comme ceux d’al-Qusayr, les habitants de Jusey ont pour la plupart fui, abandonnant les combattants de la brigade Farouq. »

    David Enders

    Quand l'ASL faisait encore la loi à al-Khadeeyeh (photo prise le 23 février dernier, une semaine avant la chute de Bab Amr) : il y a encore des groupes qui infectent Homs, mais selon un responsable de l'ASL, plus pour longtemps.

    http://www.infosyrie.fr/

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