• Syrie - Un nouvel attentat à l’irakienne à Damas

    25 morts, 46 blessés : c’est le bilan provisoire du nouvel attentat à la voiture piégée qui a frappé, vers midi ce 6 janvier, al-Midane un quartier central, très peuplé et plutôt sunnite de Damas.

    Selon la télévision  syrienne Addounia et l’agence Sana, la voiture, au volant de laquelle se trouvait un kamikaze, était positionnée a proximité d’un feu de circulation, et devant l’école Hassane al-Hakim.

    L’explosion a eu lieu alors que le quartier connaissait une grande affluence. Des images de la télévision montrent des débris humains baignant dans des flaques de sang.

    Voici 15 jours, le 23 décembre, la capitale syrienne avait été, pour la première fois, ensanglantée par un (double) attentat de même type, qui avait fait 44 morts et 150 blessés (voir notre article « Double attentat de Damas : encore un scénario à l’irakienne », mis en ligne le 27 décembre).

    Qui a intérêt à saboter la mission arabe ?

    Les autorités syriennes ont, comme pour le précédent attentat, immédiatement incriminé al-Qaïda.

    Ce n’est pas une hypothèse absurde : l’Irak voisin vient d’être à nouveau frappé par un terrorisme anti-chiite qui a fait des dizaines de morts, il y a une certaine porosité entre les deux pays qui peut favoriser l’infiltration de terroristes sunnites radicaux venus donner un coup de main à leurs « frères » syriens, les djihadistes sunnites sous influence golfiste.

    Et de fait, c’est bien d’une irakisation de la crise – c’est-à-dire à une fuite en avant dans le terrorisme d’inspiration sectaire – que témoigne ce nouvel attentat.

    Et puis la voiture a explosé alors que la mission des observateurs de la Ligue arabe se poursuit – l’attentat est du reste survenu non loin d’un hôtel où sont descendus certains d’entre eux – et se heurte aux récriminations de l’opposition radicale, qui n’apprécie guère le relatif équilibre de ses premiers compte-rendus et observations.

    Et puis c’est Damas que les terroristes ont voulu frapper, la capitale du pays, la grande ville restée globalement sourde aux sirènes de la contestation depuis neuf mois. Enfin, l’attentat survient le jour de la prière, et des manifestations de l’opposition.

    Evidemment, les médias français, du moins certains d’entre eux, incapables de décrocher de leur ligne simpliste et atlantiste, insinuent que le crime profite au pouvoir : I-Télé, par la voix de son journaliste affecté à la crise syrienne, Hervé Ravanello, a tenté de mouiller, avec un conditionnel de pure forme, les services secrets syriens, les fameux moukhabarats, décidément plus utilisés dans cette crise par les propagandistes anti-Bachar que par le régime !

    Nous sommes obligés de nous répéter : certes, ce nouvel attentat de Damas est une démonstration en temps réel qu’il y a bien un problème de violence terroriste en ce moment en Syrie, et que cette violence, ce terrorisme viennent des rangs des radicaux – pas forcément syriens d’ailleurs.

    Mais avec ce qui se passe à Homs, ou à Hama, ou dans la région d’Idleb, le pouvoir a-t-il besoin de fomenter des attentats-provocations ?

    Bien sûr que non. Du reste, Hervé Ravanello, au terme de son exposé filandreux, concluait que ce nouvel attentat arrangeait aussi bien l’opposition que le pouvoir, en ce sens qu’il démontrait l’inutilité et l’impuissance de la mission arabe.

    Ca ne nous parait pas exact : les observateurs arabes, par leurs rapports, permettent de mettre en avant une donnée le lus souvent tue ou niée par les médias, à savoir la violence des activistes de l’opposition radicale.

    Le pouvoir n’a donc aucun intérêt à voir partir les observateurs. On n’en dira pas autant de l’opposition, dont les discours sur la répression et la terreur d’Etat sont quelque peu controuvés par les réalités de terrain, que sont bien obligés de prendre en compte les visiteurs de la Ligue arabe.

    Disons enfin que cette dérive « irakienne » nous confirme dans notre sentiment : l’opposition radicale est dans une impasse politique ;

    elle ne parvient plus guère, quoiqu’en disent les bidonneurs de l’OSDH, à mobiliser dans la rue – lemonde.fr parle, ce vendredi 6 janvier, de « centaines de Syriens » manifestant, -, n’a aucune crédibilité en terme d’alternative gouvernementale, pas de leader fédérateur, et est en train de se diviser entre CNS et Coordination nationale, entre Frères musulmans et laïcs, pro-turcs et pro-occidentaux ;

    l’ASL ne contrôle pas ses soi-disant troupes ; et il ne reste donc plus aux plus radicaux, activistes ou politiques exilés, que la fuite en avant dans une surenchère à l’ingérence internationale et à la violence terroriste.

    Pas sûr dans ces conditions, que la côte globale de l’opposition, qui n’a jamais été majoritaire dans l’opinion syrienne, ait beaucoup augmenté ces dernières semaines.

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    http://www.infosyrie.fr/

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