• Tunisie: tension persistante après des violences attribuées à des salafistes

    Tunisie: tension persistante après des violences attribuées à des salafistes

     TUNIS (AP) — La tension persistait mardi à Tunis et dans certaines de ses banlieues, ainsi que dans des régions du nord-ouest du pays, après une nuit particulièrement violente en réaction à une exposition où figuraient des tableaux jugés "blasphématoires", a-t-on appris de sources concordantes.

    A la suite de ces troubles, un couvre-feu a été instauré à partir de mardi de 21h à 5h dans la région de Tunis et plusieurs gouvernorats de l'intérieur, a annoncé l'agence officielle TAP.

    Sur l'avenue Bourguiba, principale artère de la capitale, la police a dû user de gaz lacrymogène pour disperser une manifestation de groupes assimilés à des salafistes qui entendaient protester contre les "atteintes au sacré".

    Dans la cité populaire de Douar Hicher, des affrontements ont opposé les forces de l'ordre à des salafistes, paralysant la circulation et causant la fermeture des établissements scolaires, selon la radio Mosaïque FM.

    Des incidents étaient signalés dans d'autres quartiers, notamment dans la cité Al Intilaka où la police a également eu recours aux bombes lacrymogènes pour tenter de maîtriser la situation.

    Dans les régions de Jendouba et du Kef (nord-ouest tunisien), des locaux de partis d'opposition et de la centrale syndicale ont été attaqués par des islamistes radicaux et autres délinquants, a rapporté l'agence officielle TAP.

    Ces derniers ont par ailleurs incendié un véhicule transportant des boissons alcoolisées, selon la TAP.

    Citant des sources sécuritaires, l'agence précise que des individus arrêtés auraient avoué "avoir été payés par des salafistes pour commettre ces actes de destruction".

    A Sousse, une ville du centre du pays, des "inconnus" ont attaqué l'institut des beaux-arts et tenté d'y mettre le feu à l'aide de cocktails Molotov, causant des dégâts à l'établissement, selon Mosaïque FM.

    Jusqu'ici, le nombre des personnes arrêtées s'est élevé à 97 salafistes et repris de justice, selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur Khaled Tarrouch.

    Cette flambée de violence intervient deux jours après l'appel lancé par le chef d'Al-Qaïda Ayman al-Zawahri aux Tunisiens à réagir pour imposer l'application de la chariaâ en Tunisie.

    Le successeur d'Oussama Ben Laden a accusé le mouvement islamiste modéré "Ennahdha" au pouvoir en Tunisie d'avoir renié l'islam en acceptant de ne pas inscrire la loi islamique dans la Constitution tunisienne en cours d'élaboration.

    Sans exclure l'implication d'Al-Qaïda dans les troubles en Tunisie, "en attendant les conclusions de l'enquête", M. Tarrouch a estimé que les actes de violence "concomitants" n'étaient "pas spontanés", sans plus de précisions. 

    Des courants radicaux tels "Hizb Ettahrir" et "Ansar Al Chariaâ" ont appelé à une marche d'envergure vendredi prochain pour dénoncer les atteintes à l'islam.

    Face à la multiplication des actes de violence attribués à des groupes dits salafistes, le ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, a autorisé les forces de l'ordre à tirer à balles réelles.

    Des islamistes ont jugé "choquantes" et "indécentes" certaines peintures exposées au palais Abdellia, dans la ville de La Marsa, près de Tunis.

    L'un de ces tableaux considérés comme "portant atteinte au sacré" représente des fourmis qui forment le nom d'Allah. D'autres exposent des caricatures de la Mecque et d'un homme barbu avec de longues dents ou encore le portrait d'une femme nue.

    La tension est montée dimanche lorsque des salafistes accompagnés d'un avocat et d'un huissier ont ordonné aux organisateurs d'enlever les toiles controversées.

    La menace a été contrée par une mobilisation de forces de l'ordre, de la société civile et de personnalités politiques venues "défendre la liberté d'expression et de création", selon le mot d'ordre lancé sur le site Facebook.

    Mais des centaines d'islamistes radicaux sont revenus à la charge à la tombée de la nuit, détruisant et lacérant plusieurs oeuvres d'art. Une flambée de violence s'en est suivie dans la nuit de lundi à mardi dans les environs de Tunis.

    L'an dernier, la diffusion de films comportant des séquences jugées "blasphématoires" avaient provoqué une levée de boucliers des islamistes.

    Le domicile de Nabil Karoui, du patron de la chaîne privée "Nessma TV" qui avait passé "Persepolis", a été partiellement incendié. Traduit en justice, M. Karoui a écopé d'une amende pour "atteinte à la morale et troubles à l'ordre public". Des troubles ont éclaté ces derniers mois dans plusieurs villes de Tunisie. AP

    xbb1/pyr


    (AP / 12.06.2012 20h57)


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