• SYRIE - La direction turque cherche-t-elle une porte de sortie ? 2012. En 2016 le résultat du Tatarstan/Russie

    SYRIE - La direction turque cherche-t-elle une porte de sortie ?

    L’un des principaux adversaires régionaux de la Syrie, la Turquie, est pour le moins divisée sur l’attitude du gouvernement Erdogan vis-à-vis de Damas.

    • Nous avons déjà rendu compte des prises de position répétées des principales forces de l’opposition de droite et de gauche, toutes condamnant le bellicisme du gouvernement contre le voisin et ex-allié ;
    • de sit-in, de manifestations et même d’un concert géant de solidarité avec la Syrie réelle et de dénonciation d’Erdogan et de l’OTAN (voir notre article « En Turquie, un grand concert de soutien à la Syrie réelle », mis en ligne le 15 mai).

    Eh bien, Erdogan étant toujours un pion de la stratégie américaine au Proche-Orient, et abritant toujours la direction et nombres de bandes de l’ASL, la mobilisation contre sa politique se poursuit :

    • c’est par milliers que les Turcs et les Syriens de Turquie ont manifesté contre cette politique sur la place centre d’Adana – quatrième ville turque avec ses 1 500 000 habitants, située sur la côte sud de la Turquie, et à une centaine de kilomètres à vol d’oiseau de la frontière syrienne, dont elle est séparée par la province du Hatay.
    • Les manifestants brandissaient de nombreux portraits de Bachar al-Assad et des drapeaux syriens (les vrais) ce qui constituait un message très clair adressé à Recep Tayyep Erdogan et à l’AKP.
    • Les photos témoignent de l’ampleur du rassemblement.Et, comme de coutume, les médias français ne disent rien de ces mouvement de l’opinion turque, qui écornent eux aussi la doxa journalistique.

    Le torchon brûle-t-il entre Erdogan et l’ASL ?


     

    Au-delà de cette manifestation, certains observateurs s’interrogent sur une possible évolution, vers une neutralité diplomatique, du gouvernement turc vis-à-vis de Damas, dont ils croient percevoir un ou deux signes.

    Parmi les pièces à verser au dossier, une analyse récente (3 juin) du site géostratégique israélien anglophone Debkafile (de sensibilité néoconservatrice, et proche des milieux républicains américains), voué à l’étude du Proche-Orient.

    • Debkafile a cru observer un certaine retenue des autorités d’Ankara sur le drame de Houla, prétexte à un regain de déchaînement médiatique contre le gouvernement syrien.

    Voici ce qu’écrit Debkafile :

    • « En un stupéfiant retournement, la Turquie vient de renoncer à 14 mois de soutien à la révolte anti-Assad, aux côtés des Occidentaux, pour faire cause commune avec la Russie, autrement dit avec Bachar al-Assad« .

    Sur quoi s’appuie le site israélien, qui jouit d’un certain crédit, pour être aussi péremptoire ?

    • À l’en croire, Washington, Londres et Paris sont en train de plancher sur des plans B pour parer à cette défection turque, après « avoir découvert qu’Ankara avait secrètement notifié aux chefs de l’ASL, le jeudi 31 mai 2012, qu’elle leur retirait toute autorisation de lancer des attaques contre la Syrie depuis le territoire turc ».
    • Les Occidentaux se seraient alors aperçus qu’Erdogan et son ministre des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu avaient littéralement « poignardé dans le dos » la politique des Occidentaux envers la Syrie.

    Debkafile parle même de « la trahison d’Erdogan« .


    Pourtant, Erdogan a réagi à Houla en déclarant que ce drame lui « soulevait le coeur » et en mettant en accusation à ce propos le gouvernement syrien.

    Est-ce là ce qu’on peut appeler un silence ou une retenue « complice » ? Davutoglu, de son côté, a annoncé le 30 mai que son gouvernement allait organiser à Istambul une nouvelle réunion du groupe dit « des amis de la Syrie« , c’est-à-dire les ennemis de Bachar, occidentaux, arabes et syriens. Alors ?

    Alors Debkafile met en exergue une petite phrase, le 31 mai, du même Davutoglu sur une télévision turque – Turkish NTV :

    • « Nous n’avons jamais conseillé, ni au CNS, ni au gouvernement syrien, de mener un lutte armée, et nous ne le ferons jamais« 

    ajoutant :

    • « Le peuple syrien sera la force conductrice qui renversera finalement le régime syrien. Bachar partira de par la volonté populaire ». Debkafile voit dans ces propos un décalque de ceux tenus, sur le même sujet, par Vladimir Poutine. Sauf que le président russe ne parle pas de « renversement » du régime !

    Mais nos analystes israéliens-de-droite parlent d’un « axe Moscou-Téhéran pro-Assad désormais renforcé par Ankara« .

    Et croient constater que pour l’heure cet axe a pris le dessus sur le camp occidental, en Syrie : là, c’est incontestable.

    Info ou intox ?

    L’article de Debkafile conclut en évoquant un plan concerté réunissant Bachar, le guide iranien Ali Khameneï et le chef du Hezbollah libanais Hassan Nasrallah, visant à une confrontation avec Israël et les États-Unis, confrontation dont le premier acte serait le déploiement de scuds au Liban.

    Là, ça nous parait franchement délirant : un délire de faucons israéliens voulant affoler l’ami américain sur une « défection » turque.

    Reste à savoir :

    • c’est l’Orient compliqué, avec des coups de billard à trois ou quatre bandes – si, soumis effectivement à une pression diplomatique de la Russie, de l’Iran et même de l’Irak, mais aussi de toute l’opposition turque, Erdogan et les siens ne cherchent pas à mettre de l’eau dans leur thé anti-syrien, et à se désengager
    •  tout en s’efforçant de sauver la face par des déclarations et des gesticulations diplomatiques -  de ce qui apparait chaque jour un peu plus comme une cause perdue, et un bourbier politique.

    Il faudrait savoir si cette interdiction faite le 31 mai par Ankara au CNS et à l’ASL de se servir du territoire turc comme d’une base d’attaque contre la Syrie, oui il faudrait savoir si elle a vraiment été faite. À suivre…

    Mais il est certain que le temps ne semble pas travailler en faveur de la coalition Ankara/CNS.

    Le binôme Erdogan-Davutoglu cherche-t-il une porte de sortie vis-à-vis de la Syrie. Pas prouvé, pas impossible...


    http://www.infosyrie.fr/


     

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